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 3 - Chronicle II

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Kamina
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PostSubject: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:22

Chapitre I : L'Age de Splendeur - Prélude


Labourez un champ, les graines se mettront à germer et de nouvelles pousses apparaîtront. La terre d'Aden, autrefois dévastée par ces guerres sanglantes, fleurissait à nouveau de prospérité.

Tandis que les Seigneurs féodaux et autres vieux Chevaliers, liés par la tradition, se lamentaient de la chute de l'ordre ancien, d'autres, en coulisse, aspiraient à la destruction. Les commerçants eux, désiraient calmer tout le monde afin de faire du profit.

Sieghardt Ein avait été reconnu comme Seigneur du château mais dans les faits, il ne régna pas sur son territoire. Il négligea les devoirs d'un Seigneur de château, comme celui de collecter les taxes ou de gérer le domaine. Après trois mois, il abandonna le château, disparaissant avec ses soldats. Quoiqu'il en soit, son successeur fut, lui, bien trop ambitieux. Envoyant balader la forte opposition des commerçants de Giran, il traita une guerre commerciale vieille de dix ans avec Innadril comme une simple question diplomatique. Innadril, le fief de l'eau, avait été dans l'impossibilité de commercer avec les autres domaines sans passer d'abord par Giran. Mais alors, le seigneur du fief ayant fait un pacte avec le seigneur de Giran, le commerce reprit entre les deux territoires.



Avec la réouverture du port de Heine et l'achèvement de celui de Giran, les routes de commerce reliant Aden, Giran et Innadril s'étendirent jusqu'à Avella l'Orientale. La méthode d'élevage des striders se propagea dans la populace, rendant le transport des grosses cargaisons par voie de terre plus rapide qu'avant. Les méthodes traditionnelles de forge furent révolutionnées grâce à un courageux marin qui vola le secret d'Avella pour solidifier le métal. Le Symbole d'Avella devint un objet exotique indispensable; il était dit que l'objet possédait de mystérieux pouvoirs. Ce symbole se répandit graduellement au sein de la population générale, introduisant une ère d'abondance de biens et d'argent dans la région orientale d'Aden.



Dans les champs de Dion et au Colisée du Lac de Narsell, l'Age de Splendeur fut proclamé d'un enthousiasme sauvage. Plus claire est la lumière, plus sombre sont les ténèbres, ainsi soit-il. Sous la lumière brillante des feux d'artifices du festival appelé l'Age de Splendeur, d'arrogantes explorations furent menées.



Mon seul et unique mentor, dans son livre "Les milles jours éternels", fit allusion à ce que Baium, l'empereur maudit, avait symbolisé dans ce monde gouverné par les dieux fainéants. Le trésor cramoisi qui flottait dans le sang des Humains à moitié divins, était imprégné non seulement de l'essence des cinq tribus vouées à la mort, mais aussi de celle des anges et autres êtres irréels. Les noms de ces créatures seront synonymes de haine et de peur dans les chroniques des derniers jours. La première de ces créatures à être apparue portait le nom de Hallate.



Les trois saintes arches avaient autrefois été cachées dans Giran, dans la Forêt maudite, et dans Aden, la capitale. Elles furent perdues pendant les guerres, puis réapparurent lorsque la lutte pour le trône impérial débuta. Selon les rumeurs, les arches contenaient les reliques du Saint qui vendit Baium à un Dieu. Beaucoup cherchèrent les arches, mais même des fanatiques tels que Athebaldt et Rodemai firent l'erreur de sous-estimer la véritable difficulté de leur objectif. Ils envoyèrent mercenaires et commerçants sur la piste des saintes arches. Beaucoup d'entre eux moururent pendant cette quête, lorsqu'ils durent affronter les créatures nommées les Gardiens des Arches.



Je pense que Aria FirstMatter ne fut pas l'une d'entre eux. Son sens passionné de la destinée, sa noble dignité et son amour aveugle l'auraient empêché de faire des compromis d'aucune sorte. Deux Elfes Noirs venant du nord se rapprochaient d'elle. L'un d'eux était Scride, un Chevalier de Pavel qui fut autrefois Blade dancer, et reconnu par les Anciens de la cité souterraine. L'autre était Esen, plus connu sous le nom de Crow Feather(*). Il avait été Phantom Ranger, actif à Ruhn. Il est ironique de penser que celui qui contribua le plus à cette cause, fut le Tetrarch Thifiell de la cité souterraine.



Nous subissons tous autant de réussites que d'échecs. Après avoir obtenu ce que nous désirons, nous réalisons qu'après tout, ce n'est pas ce que nous voulions vraiment. Souvent, beaucoup sont tout simplement sidérés lorsque cela leur arrive !



(*) Plume de Corbeau
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PostSubject: Re: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:22

Chapitre II : L'Age de Splendeur - Les Crocs de l'Ombre


Dans les plaines, les roues d'un wagon renversé gémissaient laborieusement. Les pics des montagnes, couronnés de roches givrées et de glaces éternelles, furent rapidement enveloppés de ténèbres quand le soleil disparut derrière les crêtes. Tel un solvant, les Ténèbres peuvent dissoudre la cruauté là où le sang et les larmes sont bon marché, permettant ainsi à la Cupidité de dresser sa tête dégoûtante.

Un gang de brutes dont le commerce était la bagarre et le meurtre, s'approchait lentement du wagon qui faisait toujours son bruit torturé. Un autre gang avait déjà envahi le territoire mais ils ne reçurent pas un accueil très chaleureux de la part de ces gens de même profession. Surtout qu'ils s'étaient transformés en corps sans vie, incapables de serrer la main à qui que ce soit, ni de tuer pour faire de l'argent. Les brutes, délivrées de la sève de leurs vies monotones, semblaient totalement désintéressées à ramasser les reliques.



Un jeune elfe saisit la roue pour la faire stopper, ou elle aurait tourné à jamais. Debout au milieu de vingt cadavres, il écoutait les murmures de ses compagnons mercenaires. Ils cherchaient après un certain coffre. Un membre du groupe, qui aimait fanfaronner son savoir, déclarait que le coffre était un objet que le Baron Lewin, ancien Seigneur de Giran, avait caché juste avant de perdre le château. Cependant, il n'arrivait pas à gagner l'attention de ses collègues. Ils n'étaient pas intéressés par le contenu d'une boite se trouvant quelque part dans un trou boueux. Ils préféraient bavarder avec enthousiasme à propos des femmes qu'ils pourraient courtiser et de l'alcool qu'ils boiraient en rentrant au village.



"La tarte aux fraises de Natalie est la meilleure d'Aden. Je sais que certains m'accusent de me comporter de manière peu virile quand je deviens fou juste pour une tarte. Bah, j'avais le même genre d'attitude avant, jusqu'au jour ou Natalie cuisina une tarte pour moi ! D'après Natalie, le secret pour faire une délicieuse tarte au fraise, c'est… Aarggh !"



Une flèche gigantesque, aussi grande qu'un javelot, transperçait de part en part la poitrine du mercenaire amoureux de tarte, exposant son bout tordu. Le mercenaire mourant le regarda comme s'il n'avait jamais vu pareille chose auparavant, puis tourna son regard sur les autres mercenaires. Il n'eut pas la possibilité de dire adieu à ses compagnons. Les autres mercenaires bondirent de l'autre côté du wagon pour se préparer à la salve suivante de leur attaquant anonyme.



Les mercenaires étaient hésitants. Ils n'étaient pas stupides au point de se ruer vers la forêt sans savoir ce qui s'y tapissait. Par ailleurs, ils ne pouvaient pas non plus rester là sans localiser leur ennemi caché. Encore et encore, des bruits distincts, comme des déchirements de tissu de soie, se faisaient entendre. A chaque fois, un morceau du wagon était détruit. Le wagon s'affaissa comme s'il était fait de papier. Des flèches volèrent depuis l'autre côté de la route et les mercenaires coururent dans la direction opposée, vers la forêt. Bien que la forêt parût assez sure en journée, lorsque la nuit tomba, elle se transforma en un monstre inquiétant. Une racine reliée à une vieille souche d'arbre et ressemblant à la main d'une vieille sorcière s'étirant dans le sol, surprit le pied d'un passant. Des branches d'arbre mortes et sèches leur crevaient les yeux, et l'eau croupie sous les feuilles mortes trempait leurs chaussures. Les insectes, dérangés dans leur repos, exprimaient leur mécontentement en attaquant violemment les yeux, les oreilles et le nez des mercenaires. Entourés de tels ennemis, ils s'attendaient à voir le mystérieux archer se rapprocher d'eux d'un instant à l'autre. Ils se séparèrent en groupes de trois ou cinq et allèrent se cacher, en attendant l'attaque de l'archer.



Sentant sa poitrine se serrer, l'Elfe regarda vers le haut. Contrairement à eux, la forêt paraissait calme. Le ciel venteux qui annonçait la nuit était couvert d'un voile indigo parsemé de petites perles. Proche de la fin de son cycle, la pleine lune perçait entre les arbres. Lorsque le vent tomba, comme s'il proclamait la fin d'un être, la forêt laissa entendre les pleurs d'une créature solitaire.



Les oiseaux s'envolèrent précipitamment, réveillés par des cris de colère, des hurlements d'agonie, de terribles plaintes et gémissements. Les ténèbres montraient leurs crocs et se précipitaient comme l'éclair pour éventrer, découper, tordre, mordre, griffer, éjecter, cogner, casser, et finalement, tuer. Quelques minutes plus tard, la forêt était emplie de halètements et de gémissements, trempée de sang rouge sombre. La pleine lune souriait, teintant la scène de nuances sans vie, sans couleurs.



L'elfe était désorienté, ne sachant s'il était mort ou vif. Dans ce paysage qui avait tourné au gris, deux yeux d'un loup qui lui faisait soudain face, étincelèrent d'un vert néon. L'elfe était curieux de savoir pourquoi ce loup gigantesque cherchait à rencontrer son regard. La réponse vint dans sa tête dont il sentait qu'elle allait se dévisser, tandis que ses jambes s'agitaient désespérément dans le vide. Le loup dressé sur ses pattes arrière, tenait la tête de l'elfe d'une seule main. De l'autre main, le loup tenait un arc qui ressemblait à celui utilisé par les rangers, mais en beaucoup plus grand. Lorsque le loup ouvrit la gueule, l'Elfe put voir ses dents, qui ressemblaient à d'innombrables dagues recouvertes de sang. Une phrase lui fut susurrée à l'oreille.



"…La Clairière de l'Arbre du Monde est…"



Il fallut un peu de temps à l'Elfe avant de réaliser que le loup était en train de lui parler, aussi manqua-t-il une grosse partie de ce que le loup lui avait dit.



"…Si tu ne veux pas voir l'Arbre du Monde déracinée, ne touche pas le Sceau."



Le loup jeta négligemment l'Elfe au sol. L'Elfe essaya de se lever mais réalisa qu'il ne pouvait plus contrôler ses jambes. Soutenant difficilement le haut de son corps avec ses bras, il fusilla le loup du regard.



"Pourquoi me menaces-tu ?"



Le loup, s'étant déjà éloigné, s'arrêta soudain. Chaque pas qu'il faisait laissait une empreinte rouge. Le loup répondit.



"Ce n'est pas une menace." Puis le loup disparut, laissant l'Elfe derrière.



Plus tard, lorsque l'Elfe réussit à se souvenir du pourquoi il était allé à cet endroit, il retourna à l'emplacement où le wagon était renversé. Puis il réalisa qu'il avait suivi les empreintes de pas du loup. Le wagon était couché de côté et des corps de mercenaires éparpillés tout autour. Tout paraissait comme avant, si ce n'est que le coffre avait disparu.
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PostSubject: Re: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:23

Chapitre III L'Age de Splendeur - Aria

Afin de rencontrer le chef d'entrepôt Gesto, elle dut gaspiller 4 jours de son temps. Non pas qu'il l'eut fait attendre. Depuis que les Anges étaient descendus dans la Tour d'Insolence, des yeux vigilants suivaient Aria à une distance imperceptible. Parmi eux, ceux qui la rendaient le plus nerveux étaient les deux poursuivants qui la suivaient depuis Elmore. Aria se cacha dans la chambre miteuse d'une auberge et ne la quitta pas avant d'être certaine qu'ils avaient abandonné leur poursuite…

Les légendaires "Chevaliers Larmes de Lune" de Pavel avaient des origines et des compétences très variées – puisse-t-on encore les appeler "chevaliers" -, à la différence des chevaliers d'Aden qui consistaient essentiellement en Paladins. Cela avait sans doute un rapport avec le fait que ce fief avait de bonnes relations avec les Mercenaires de Ruhn. Les deux principales forces qui soutenaient les mercenaires de Ruhn étaient la "Forêt Maudite" et la "Cité Souterraine des Dark Elfes". Aria ne pouvait que deviner en fonction des circonstances du moment. La question importante était, dans quelle mesure la Cité Souterraine avait-elle dévoilé ses réelles intentions à Pavel ou bien à Ruhn ? Aria ne pouvait rien prédire dans un sens ou dans l'autre.



Quinze minutes après avoir pénétré dans l'entrepôt, Aria sortit par la porte arrière et retourna dans la nuit brumeuse de Giran. Après avoir marchée 20 minutes pour retourner à son logement, elle fut à peu près certaine d'avoir semé ses poursuivants. Lorsqu'elle arriva à l'auberge, elle ne vit pas le vieux Nain qui somnolait habituellement à la réception. Une petite bougie allumée dans une main, elle monta les escaliers grinçants et traversa le hall. La flamme vacilla et l'ombre d'Aria sembla osciller au-dessus d'elle comme si elle essayait de lui parler. La lumière bleutée de la nuit perçait à travers la dernière fenêtre au bout du hall, illuminant l'espace devant elle. Elle arriva finalement à sa chambre.



Elle passa devant la porte de sa chambre sans s'arrêter et tendit le bras pour attraper la poignée de porte de la chambre voisine qui était vide. Un bruit aigu se fit entendre et un petit trou apparu dans la fenêtre qui faisait face à la rue, lui faisant lâcher la poignée. Soudain, une flèche avec un drapeau noir attaché vint se planter dans le chambranle. Tout se produisit en l'espace d'un clignement d'œil.



"Plume de Corbeau ?"



Tension, bandage des muscles. Pression de sang dans les yeux et les oreilles, sensation de palpitation. Le long de son système nerveux, un courant électrique lui parcouru les bras, du bout des doigts jusqu'aux épaules.



Pour éviter d'être touchée, elle colla son corps contre le mur et sauta à terre, atteignant le palier en un souffle. Utilisant sa dague, elle coupa la bougie pour l'éteindre et se baissa sous le chandelier. Le hall l'embrassa d'un abysse de ténèbres. Une flèche traversa la fenêtre et détruisit ce qu'il restait de la bougie. La flèche suivante siffla au-dessus de la tête d'Aria alors qu'elle s'accroupissait comme une grenouille contre le mur. Soupirant de soulagement, elle se roula sur le côté. Elle pouvait sentir que la dernière flèche ciblait l'endroit exact où elle se trouvait l'instant d'avant.



Aria s'immobilisa et resta silencieuse, retenant son souffle. La porte de la chambre s'ouvrit violemment et un Chevalier de Pavel apparut comme un éclair, brandissant deux épées. Aria se plaça dans le dos du chevalier et y planta sa dague. Le chevalier usa de ses deux épées pour se couvrir devant comme de dos, afin de se défendre de quoique ce soit d'éventuellement dissimulé dans le couloir sombre. Bien qu'un peu maladroit, ceci réussit à empêcher que la dague d'Aria ne lui inflige une blessure mortelle.



A travers la fenêtre de la chambre, à l'endroit où le rideau était tiré, une très légère lumière perçait dans la pièce. A peine fit-elle fait un pas dans la lumière, qu'une autre flèche fut tirée sur elle. En dépit du risque de toucher l'un de ses acolytes, l'archer avait tiré à l'endroit où il avait deviné qu'elle irait, ce qui fut étonnamment précis.



Tandis qu'elle courait dans la chambre, Aria fut touchée à la jambe et projetée contre le mur sous une fenêtre. Le chevalier qui l'avait chassée jusque dans la chambre abaissa immédiatement son épée alors qu'elle essayait de reprendre équilibre. Elle para l'attaque du chevalier avec sa dague et dans un hurlement de protestation, entailla la gorge de l'ennemi. Un bruit dégoûtant sortit de sa bouche mais sa manœuvre se heurta à l'autre épée.



Aria put voir le visage de son ennemi pour la première fois. Le jeune Elfe Noir ne devait pas avoir plus de 200 ans. Il semblait fort et étonnamment calme. Le jeune chevalier fit lentement glisser la lame de son épée le long de la dague. Le centre de gravité se modifia et les bouts des deux lames tremblèrent dangereusement l'une contre l'autre.



"Donne moi le Livre des Saints."



Lorsque la lame de l'épée dansa devant ses yeux, Aria grimaça.



"Ne demande pas ! Va dans une librairie !"



De sa dague, Aria dessina un arc de cercle et la laissa s'échapper de sa main. La lame de l'épée du jeune chevalier toucha le poignet d'Aria, laissant une longue et profonde blessure d'où s'échappa beaucoup de sang. Aria se carra sur la poitrine du jeune chevalier et l'enlaça étroitement des deux bras.



Dans un cri sinistre, elle se jeta contre la fenêtre. La fenêtre éclata et les deux combattant enchevêtrés roulèrent et tombèrent d'un étage. Tandis qu'ils étaient tous les deux à mi-chemin du sol, Aria retrouva le contrôle de son corps et grimpa sur le chevalier. Juste avant de toucher le sol, elle mit tout le poids de son corps dans ses genoux et les écrasa contre les épaules de son adversaire. Empoigné douloureusement, le jeune Elfe Noir serra les dents, les yeux grands ouverts. De son poignet blessé gicla à nouveau un filet de sang.



"L'Abyss Walker le plus puissant est…"



Pressant les épaules du chevalier de ses deux genoux, étranglant son cou de sa main gauche, elle tira une autre dague de sa botte. Le sang rouge vif qui s'échappait de son bras gauche rougissait le visage du chevalier. Sans hésitation, elle porta sa dague à son cou.



"…celui qui a marché en enfer pendant 500 ans."



A ce moment, comme si elle allait s'éffondrer sur la tête du chevalier, son corps roula. Une brûlante douleur insoutenable courut le long de sa colonne vertébrale et envahit tout son corps. De cette nouvelle blessure jaillit quelque chose de tiède qui trempa son armure et ses sous-vêtements, ce qui lui procura une sensation effroyablement sinistre.



La flèche de "Plume de Corbeau" était étonnamment silencieuse. Aria ne pouvait que détecter le léger souffle que lorsqu'elle était proche d'elle. Une fois dehors, aucun espoir qu'elle puisse trouver un endroit pour se protéger des flèches. Elle se leva et courut pour se sauver. Bien qu'elle ne puisse ni la voir, ni l'entendre, elle savait qu'une flèche volait directement sur elle. Après s'être ruée vers le mur et s'être pendue à une branche d'arbre comme un chat, elle balança son corps par-dessus le mur. La dernière flèche la frappa dans le dos.



"Sire Scride !"



Le Bladedancer porta sur le mercenaire qu'il avait engagé un regard vide. C'était Esen, un Phantom Ranger, surnommé "Plume de Corbeau" par les Orcs et les mercenaires de Ruhn.



Son corps du Bladedancer trahissait la volonté de son propriétaire. Ses épaules criaient dans une sensation de grincement d'os contre os. Il se sentait nauséeux, comme si l'on tordait ses intestins. Ses poumons sifflaient de manière dissonante, comme s'ils jouaient une marche orc. Submergé par ces sensations, sa tête palpita comme si elle allait exploser.



"Oh ciel !" Lorsque le Phantom Ranger vit l'arrière du cou de son employeur, il laissa tomber l'objet qu'il portait, courut à lui et s'assit à ses côtés. Scride ne put que lever la main droite.



"C'est bon. Ce sang n'est pas le mien."



Scride pensa qu'il aurait mieux valu s'évanouir ou se concentrer sur autre chose pour oublier la douleur. Mais cela l'aurait fait paraître faible. A la place, il posa une question au Phantom Ranger.



"Tu l'as eue ?"



Le Phantom Ranger secoua la tête de honte et montra l'objet qu'il avait amené. C'était une armure de cuir, trempée de sang et toute tordue suite aux récents combats. Il expliqua lentement comment "FirstMatter", avec une flèche plantée dans le corps, lui avait quand même échappé et s'était sauvée.



"Un ranger, incapable d'attraper une femme blessée… J'ai tellement honte de moi."



Scride aurait voulut tourner la tête des deux côtés, mais il entendit un horrible bruit provenant de ses épaules et décida de n'en rien faire.



"Sans toi, ma tête serait en train de rouler à tes pieds à l'heure actuelle."



Assis à côté de Scride, le Phantom Ranger commença à trier les flèches qu'il avait rassemblées. Il les traitait comme des trésors rares car elles étaient fabriquées artisanalement et non achetées avec de l'argent. Il tria les trente flèches selon qu'elles fussent réutilisables, à réparer ou à jeter. Il les rangea dans son carquois et puis parla à nouveau.



"Dois-je alors continuer la chasse ?"
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PostSubject: Re: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:24

Chapitre IV : L'Age de Splendeur - Martien (1)

A l'origine, Dion n'était pas un domaine riche. Il n'y avait pas d'étendues de terres cultivées. A l'exception de la Mandragore, il n'y avait pas de produit local unique. Les Mandragores était essentiellement achetées par les mages, les chamans, et les herboristes. Considérant le risque encouru pour les cultiver, les profits générés par les champs n'était pas très élevés. Le sang de mandragore était épandu au hasard par le Duc Byron Ashton. Le Seigneur du domaine les considérait plus comme une source de maux de tête que comme un réel atout. Etant donné que le commerce avec les domaines avoisinants et les autres pays se faisait essentiellement via le Port de Giran, il n'y avait pas beaucoup de bénéfices à espérer.

D'un point de vue humanité, le Duc Byron Ashton était un terrible échec. Certains disaient que la pire erreur qu'il ait faite, avait été de croire qu'il pourrait améliorer les finances de son château en pressant les paysans déjà pauvres comme des citrons. Les paysans se soulevèrent et se battirent rudement contre lui, armés seulement de râteaux, de houes, de faux et de fourches. A la lance, à l'épée et à la guillotine, le Duc exécuta impitoyablement les paysans révoltés. Lorsque le nombre de paysans à exploiter diminua, le Duc alla jusqu'à essayer de vendre sa propre fille au roi Amadeo Cadmus.



Vers cette époque, l'ère de chaos commença, et les gens qui rêvaient de guerre vinrent à Dion. Il s'agissait de brutes qui n'étaient loyales à aucun pays, à aucun fief. Ils se déversèrent, emplis de soif de pouvoir et d'ambitions démesurées. Il ne fallut pas longtemps avant que l'un d'entre eux décapite le Duc Byron Ashton et prenne sa place au château.



Même si un gobelin qui avait été couronné en dansant sur le trône, les paysans auraient été si heureux qu'ils se seraient embrassés et auraient pleuré de joie. Ils accueillirent le nouveau Seigneur du domaine avec enthousiasme. Cependant, que le temps de guerre eut commencé, fut fini ou suivi de l'Age de Splendeur, les poches des résidents ne se remplissaient pas durant la nuit – Dion restait le domaine pauvre où vivaient des habitants opprimés .



Le nouveau Seigneur se résolut fermement à récolter des adenas. Il commença la construction d'un bâtiment à l'allure étrange dans une section vide du village. Ensuite, il envoya des mercenaires et des soldats un peu partout afin de capturer des monstres. Enfin, la seule chose qu'il restait à faire ensuite, était d'apprivoiser ces monstres.



"Cours, Wind Rider, cours ! Plus vite, plus vite !"



Le Tératodrome* était bondé. A chaque mouvement que faisaient les monstres, la foule réagissait soit de joie, soit de dépit. Associées à des noms de dieux, connus ou pas, toute sortes de malédictions et autres bénédictions s'échappaient de leur bouche. Mais la somme d'adenas qu'ils étaient prêts à parier, donnait à Dion et ses habitants l'espoir de sortir un jour de la pauvreté héritée des générations précédentes.



"Cours ! Cours ! Cours ! Ce misérable lapin ne peut pas te rattraper ! Oui ! Oui ! Oui !"



Le vainqueur un fois désigné, la foule se déplaçait telle une vague par gros vent. Certains tordaient et jetaient leurs tickets sans valeur, tandis que d'autres se réjouissaient et embrassaient le premier venu. Certains réprimaient leur sourire, dissimulant leur joie aux yeux des autres, et vérifiant secrètement encore et encore leur ticket.



Martien, propriétaire du magasin South Sea, était l'un de ceux qui sauta jusqu'à assommer la personne qu'il était en train d'embrasser. Il courut ensuite pour encaisser son ticket, évitant soigneusement les regards scrutateurs des autres.



"Félicitations Monsieur Martien !"



L'administrateur de la course sourit et vérifia le ticket de Martien avec désinvolture. Le Tératodrome devait en vérité lâcher une coquette somme pour cette victoire, mais son visage d'exprimait aucun déplaisir. Non pas qu'elle fut indifférente au fait que son organisation perde de l'argent, mais les profits générés par la course de monstre étaient bien assez conséquents pour pouvoir traiter les gains de Martien comme une perte mineure.



"Mes yeux ont croisé ceux de la licorne dans les paddocks et mon cœur s'est presque arrêté de battre !"



"Vraiment ? Pourquoi ?"



"Parce que ses yeux ressemblaient à ceux de ma mère."



Elle eut un rire sonore et l'expression de son visage semblait dire "Comme c'est ridicule." Elle lui tendit un sac assez volumineux de pièces d'or.



"Après déduction des taxes, votre prix s'élève à 328.000 adenas. Contrôler la somme s'il vous plaît, et signez ici."



Comme il ne tendait pas la main précipitamment pour prendre le sac, elle lui lança un regard perplexe. Martien fit deux pas en arrière et regarda le tableau des courses d'un air rêveur. Un instant plus tard, il parla à nouveau à l'organisatrice, la voix pleine d'excitation.



"Regardez !" Il leva un doigt et pointa le panneau d'affichage bien qu'elle ne put le voir de là où elle était assise. "Il est dit là-dessus que la cote de la course suivante est multipliée par 204. Ça veut dire quoi ? Ma mère – enfin, je veux dire, Wind Rider participe à cette course n'est-ce pas ?"



Tandis qu'elle classait les tickets par paquets, elle répondit brièvement, "C'est parce qu'elle va certainement perdre."



"Quoi ?"



Une soudaine lueur dans les yeux, elle commença à parler. "Pensez-y. Il s'agit de gagner le double, n'est-ce pas ? Mais vous ne pouvez pas gagner. Cyclone Thunder, de la troisième rangée, est un très bon parti, il est très populaire depuis quelque temps. De plus, regardez les lignes deux, six, sept et huit – désolée de devoir dire ça à propos de votre mère – mais elles ont un niveau bien plus élevé que le sien. Je pense que quelqu'un a fait une erreur en incluant une telle fainéante. Je ne devrais pas dire ça, mais ses chances de gagner cette course ne sont… " Elle utilisa son pouce et son index pour expliquer à Martien, "même pas d'autant."



Martien, dont le visage devenait de plus en plus rouge, rétorqua d'une voix emplie de colère. "Hey ! Vous n'avez pas le droit de parler de ma mère comme ça !"



"Pourquoi élevez-vous la voix ? Je ne faisais que répéter ce que les gens disent. Calmez-vous s'il vous plaît Monsieur Martien."



Disant cela, elle se remit à trier calmement ses tickets.



"Rien ne dit qu'elle doit perdre tout le temps. Aujourd'hui, elle a l'air en forme. Quand j'ai vu ses yeux tout à l'heure, ils brillaient d'une volonté ferme de gagner, quoiqu'il advienne ! Je crois que sa performance dans la prochaine course va nous surprendre !"



"Quel est l'intérêt de déchiffrer les yeux d'une larve de fourmi ? Monsieur Martien, vous êtes Humain, non ?"



"Silence ! Vos absurdités ont rendu les choses claires pour moi ! J'ai décidé qu'aujourd'hui serai un jour spécial pour moi, celui qui va bouleverser toute ma vie !"



Pendant un moment, Martien regarda le ciel au dessus des pistes. Telles des bulles dans un égouts, les nuages commençaient à se rassembler, bloquant le soleil. Lorsque le vent commença à souffler dans la forêt qui entourait le Teratodrome, des brins d'herbes voletèrent dans une douce et calme brise. Durant un bref instant, complètement isolé, même des bruits du teratodrome, Martien fut saisi de la sensation qu'il était en train de fixer directement quelque chose d'absolument immuable. Martien décida que plus tard, le jour où il regarderait en arrière vers cet instant, il l'appellerait "Instant de Révélation".



*(NDT: Le préfixe "Térato" vient de "Teratos" qui veut dire "monstre". Ca m'a semblé plus juste d'inventer ce mot plutot que de dire Piste de Course de Monstre...)
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PostSubject: Re: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:25

Chapitre V : L'Age de Splendeur - Scride



"Ca fait trente ans que je fais ça. Ce sera fait en un rien de temps. Une fois que vous avez préparé le client, vous le piquez plusieurs fois avec une aiguille, et puis c'est bon. De toutes façons, le vrai problème c'est que…"



Le tatoueur s'assit sur un tabouret, sortit une pipe de sa poche et la porta à la bouche.



D'un geste tranquille, il entassa des feuilles de tabac dans sa pipe et l'alluma à l'aide de cendres. Tirant sur sa pipe, une fumée bleutée s'échappa de ses narines. Dans la pièce sombre, la fumée s'éleva lentement vers le plafond, dansant et dessinant de petits serpentins.



"Vous vous êtes disloqué l'épaule droite et la clavicule. Deux ou trois côtes ont l'air d'être cassées aussi. Ah et votre bassin est aussi fêlé. Même quand ils seront complètement guéris, vous sentirez des douleurs par temps humide."



La mèche de la lampe fit un bruit de crépitement. Dehors, un bruit sourd et puissant émanait du ciel. Rapidement, il se mit à pleuviner dans la nuit. A l'intérieur, la pièce sombra dans un silence absolu. Scride laissa échapper sa réponse après un petit temps.



"Vous parlez comme un médecin."



Tout en continuant de mordiller sa pipe, le tatoueur mélangea des teintures magiques dans une fiole. Une fois que les liquides doré et argenté furent mélangés, la mixture devint transparente. Il laissa tomber une teinture rouge sang dans le liquide, ce dernier se mit à briller d'un vif éclat. Le liquide devint violet, indigo et finalement, noir. Le tatoueur pris la fiole des mains, la tint comme s'il s'agissait d'une bouteille de la meilleure des liqueurs, puis la secoua vivement. Le liquide devint à nouveau transparent.



"Les capacités du corps humain sont limitées. Il faut sacrifier une aptitude pour en obtenir une autre. L'essence d'un Symbole est l'équilibre – sans détruire votre corps. Vous devez augmenter une aptitude tout en minimisant les effets secondaires qui sont toujours générés par un tel processus. C'est la technique de création de Symbole, qui est la partie la plus importante du travail. Seuls les novices essaient de créer un force plus grande ou une vitesse plus rapide, sans prendre en considération tout le reste. Ces gens-là finissent généralement empreint d'un Symbole de Mort."



Le tatoueur s'arrêta un instant et inhala sa fumée profondément. Soufflant par les narines et la bouche, il se remit à parler.



"Ce que vous devez savoir, c'est que de nos jours, nous sommes à peu près deux à trois niveaux au-dessus de la plupart des médecins. Parce que nous avons une compréhension très précise du fonctionnement du corps humains et des principes qui le sous-tendent.



Scride se leva de la table sur laquelle il était allongé. Comme la table était typiquement utilisée pour faire des Symboles, elle était complètement usée, avait des taches de toutes les couleurs et sentait mauvais.



"Je comprends bien que vous êtes une personne compétente." Scride fit un effort pour boutonner sa chemise de sa seule main droite, puis abandonna. "Mais qu'essayez-vous de me dire ?"



"Vous êtes dans un sale état. Bien que vous soyez un Orc ressemblant à un Elfe Noir, je ne peux garantir votre guérison que si vous acceptez de vous reposer au moins deux semaines."



Scride eut une attitude étrange inqualifiable en langage Elfe Noir ou Humain. Était-ce parce qu'il avait vécu en territoire humain, tué des humains, tout en servant un Seigneur humain? Scride hocha la tête et sourit. Il allait dire quelque chose quand il entendit le bruit d'un strider grognant non loin de là. Dehors, quelqu'un mettait pied à terre et se dirigeait vers eux. Esen regarda le Tatoueur comme pour vérifier sa réaction.



"Je n'ai pas de client ayant rendez-vous à cette heure-ci."



Le mystérieux visiteur retira son chapeau trempé par la pluie ainsi que son imperméable et regarda de haut en bas le bâtiment dans lequel se trouvaient Scride, Esen et le Tatoueur. Il avait l'air de ce demander si c'était bien l'endroit où il devait se rendre. Il se dirigea vers le bâtiment.



Remarquant que le visiteur était un homme de la race Humaine, il en conclut qu'il n'était pas venu pour les attaquer. Il lança à nouveau un regard au Tatoueur qui hochait la tête avec irritation, sa pipe toujours en bouche. Esen ouvrit la porte au visiteur avant même qu'il ait frappé, le prenant par surprise. Il leva la main d'un air embarrassé et s'avança comme s'il avait été un vagabond rentrant chez lui. Bien que ses traits parussent tirés, de sa démarche transpirait un air de férocité. Sa peau était relativement pâle, mais il était difficile de deviner son âge à cause d'une multitude de rides et de cicatrices lui traversant le visage. Se tenant derrière lui, Esen le sentit extrêmement sur ses gardes.



"Avez-vous fermé la porte ?" Grommela le Tatoueur.



Le visiteur fit semblant de ne pas comprendre et tourna la tête vers la porte par laquelle il venait juste d'entrer. Lorsqu'Esen poussa la porte du bout du pied, elle se ferma à grand bruit. Quand leurs yeux se croisèrent, le visiteur eût un rictus et haussa les épaules. Esen regarda son arc puis frissonna dans un coin de la pièce.



Le visiteur parla à l'employeur d'Esen. "Êtes-vous Scride, le Chevalier de Pavel ?"



Le maître de maison eût l'air offensé d'être si ouvertement ignoré. Scride montra aussi du mécontentement en réalisant que tout le monde semblait déjà le connaître.



"Qui êtes-vous ?"



"Oh super ! Je n'étais pas sûr. Vous venez de loin hein ? Vous êtes très différent d'un autre Elfe Noir que je connais, qui est un cas totalement désespéré."



"Encore une fois, qui êtes-vous ?"



L'air de la pièce sembla devenir de glace. Esen était partagé entre l'envie de prendre son arc ou celle de dégainer sa dague de sa ceinture. En même temps, il suspectait le visiteur de cacher quelque chose dans son imperméable. Cependant, rien ne se passa.



"Très bien messire. Votre serviteur s'appelle Gustin. Mon maître est une personne très noble, mais je dois juste faire quelques simples commissions. Mon maître a dit qu'il était très reconnaissant du soutien loyal et de la coopération que votre Seigneur lui a apportés et m'envoie vous offrir un peu d'aide. Hé hé hé !"



Il était clair que son discours était empli de sarcasme. Scride parla sans ciller.



"Je n'ai besoin de l'aide d'aucun serviteur, ou quoique vous soyiez. Je ne sais pas qui est votre maître, mais dites ce que vous avez à dire puis allez-vous en."



Gustin serra les dents. Esen ressentit un peu de sympathie pour lui. Si un Orc avait reçu une telle rebuffade, une bagarre s'en serait suivie et n'aurait eu de cesse que lorsqu'un seul serait resté debout. Seul un Humain pouvait supporter une telle insulte jusqu'à un tel point.



"J'ai entendu dire que la femme que vous pourchassez s'est rendue au Manoir de l'Eau."



"Pourquoi devrais-je vous croire ?"



"Il n'y a aucune raison de ne pas me croire."



Scride scruta l'humain pendant un moment. Certains disent que les yeux sont le miroir de l'âme, mais les pupilles de Scride ressemblaient à des puits sans fond.



"Votre maître est-il le Témoin des Prophéties ?"



"Ça par exemple !" Faisant claquer sa langue, Gustin tourna son regard sur le Tatoueur. "Tu m'as dévoilé. Ceci dit, tu n'aurais pas dû le dire tout haut. Grâce à toi, plus personne ne se fera tatouer de Symbole à Giran pendant un moment. Mon maître m'a ordonné d'exécuter les gens comme toi qui répandent ces coutumes païennes."



La lame d'une épée d'un reflet bleuté, apparu soudainement de l'imperméable du visiteur. Un torrent inattendu de jurons sortit de la bouche du Tatoueur alors qu'il ramassait l'aiguille à Symbole la plus large qui lui soit accessible au sol.



"Espèce de bâtard d'Évêque ! Veux-tu que je te taille un Symbole au cœur ?"



Gustin sourit calmement et manifesta un rictus plein de dents.



"Les deux bras coupés, je me demande comment tu t'y prendrais."



Sans savoir trop pourquoi, Esen sentit qu'il devait aider le Tatoueur. En même temps, il n'était qu'une seconde main et ne pouvait dire ce qu'il y avait dans la tête de son employeur. Scride usa de son bras valide pour soulever le tabouret à trois pieds et le lancer à la tête de Gustin dans un grand fracas.



"Que faites-vous !" Hurla Gustin de rage. "Ceci ne vous concerne pas !"



"Je n'aime pas ton maître." Regardant le front plissé de Scride et l'air inquiet du Tatoueur, Esen sut que son patient avait l'épaule droite à nouveau disloquée. "Je n'aime pas la manière dont vous vous comportez tous les deux." Dit-il d'une voix dépourvue d'émotion.



Du sang afflua du front de Gustin, traversant l'arcade sourcilière ridée, dépassant les pommettes et atteignant la bouche. Un bruit tremblotant s'échappa de la gorge de Gustin mais il était difficile de dire s'il s'agissait d'un reniflement ou d'un ricanement.



"Les Elfes Noirs sont tous pareils. Vous ne pouvez pas vous en empêcher. Même quand vous êtes sur le point de mourir, il faut que montriez votre tempérament !" Gustin marmonna sinistrement. Moins qu'il ne s'adressait aux autres personnes de la pièce, Gustin se parlait en réalité à lui-même. "Mais que dirait ton maître ? Les Humains sont des créatures bien plus compliquées et fourbes."



"Je suppose que tu n'aimes pas ton maître," Scride se moquait de lui en riant. "Je suis sincèrement désolé pour toi."



Étreint d'un sentiment de défaite, Gustin partit, sans avoir pu prendre la vie du Tatoueur. Plus tard, Scride reçut un autre traitement douloureux qui dura plusieurs heures. Ensuite, il demanda à Esen de partir pour Innadril. Gustin allait probablement vouloir satisfaire son désir de vengeance. Esen pensa que si le sombre Humain avait été témoin du supplice du traitement de Scride, même lui n'en aurait ressenti aucune joie.
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PostSubject: Re: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:26

Chapitre VI : L'Age de Splendeur - Martien (2)


Un chat bondissait sur un loup. Cela s'est passé en rêve mais aussi en vrai. Tel un clown de cirque, le chat faisait un saut périlleux dans les airs et atterrissait sur le dos du loup. Le loup grognait bruyamment et se retournait sur le chat. Une guêpe, témoin de ce qui se passait, dansait librement, dessinant des huit dans le soleil. La créature des ténèbres courait vers la ligne d'arrivée, suivie de près d'une licorne. Un peu plus loin derrière, un petit lapin blanc et une étrange poupée mécanique avec une horloge enchâssée dans son ventre leur courait après.



"N'en manque-t-il pas un ?"



Du côté des lignes de départ, une chenille recouverte de poussière avançait en se tortillant. Dans l'après-midi, les cigales se mirent à striduler bruyamment, comme pour encourager la chenille.



"Arrêtez !" Cria quelqu'un tout en lançant une bouteille en verre qui cogna Martien à la tête et rebondit vers la piste de course, atterrissant sur le dos de la chenille. Celle-ci se pelotonna sur elle-même et roula vers la ligne voisine, ce qui, tout bien considéré, était probablement une meilleure tactique.



"Hé Frère ! Tu vas bien ?"



"Allez ! Allez ! En première ligne ! Tu peux le faire, Wind Rider ! Vas-y ! Vas-y !"



En tête de course, la licorne et la créature des ténèbres se battaient fougueusement pour la première place. Immaculée comme de la neige, la licorne courait comme une forcenée. Les deux bêtes coururent côte à côte pendant un moment. Lentement, la licorne gagna du terrain sur la créature des ténèbres.



La chenille continuait de rouler sur la piste dans sa forme circulaire, jusqu'à ce que l'unique roue de la poupée mécanique lui passe dessus. La poupée tomba en avant et la flamme de la torche qu'elle tenait enflamma la mèche attachée à sa tête.



Tic, tic, tic… BOUM !



La poupée explosa, projetant sa roue dans la foule de spectateurs. Des parties du corps de la poupée volèrent dans le panneau décoratif planté au-dessus du portail principal. La drôle de tête de la poupée fila au-delà de la ligne d'arrivée avec fracas, déconcentrant l'attention de la foule déjà bien perplexe.



Tous les yeux convergèrent sur un autre objet sphérique qui volait à travers les pistes de courses. La chenille fonçait devant la licorne telle une orbe cauchemardesque en train d'accomplir quelque folle et malheureuse mission.



Le soleil brilla sur la blanche licorne, qui fonçait à toute allure comme si elle pourchassait quelque chose longtemps oublié. La créature des ténèbres, autrefois prédateur féroce, plus habitué à déchirer le voile qui sépare ce monde de celui des esprits, continuait de chasser pour le simple plaisir de capturer sa proie présumée, la licorne.



"Saute-lui dessus maintenant ? Non pas maintenant. Juste un peu plus près…"



"Premier arrivé : ligne cinq, Over the Top ! Second arrivé : ligne quatre, Wind Rider !"



Un incroyable tumulte de cris de victoire, jurons et lamentations se concentra pour générer un émoi qui sembla secouer tout Dion. Les tickets chiffonnés jetés par les spectateurs voltigeaient çà et là au-dessus des pistes comme des confettis. Quelques loups rôdant autour tressaillirent au bruit et s'enfuirent avec agitation.



La foule, compacte, se bousculait sauvagement, faisant trembler la barrière de bois qui séparait la zone des spectateurs des pistes de courses. La barrière finit par céder. Quelques malchanceux furent ensevelis par les débris et piétinés, tandis que le reste de la foule disparaissait de vue. Quelques spectateurs foncèrent sur les monstres et leurs propriétaires, mais furent vite maîtrisés par les mercenaires engagés par le Teratodrome.



Embrassant, serrant dans ses bras, dansant avec le premier venu, Martien brûlait d'une ferveur religieuse telle qu'il aurait pu se convertir en un instant au clergé. Il était profondément reconnaissant envers celui qui avait porté à son attention cet Instant de Révélation.



Il décida alors qu'à partir de ce jour, il réaliserait des actes de charité dans le but de devenir un membre honorable de la communauté. Il serait de même généreux avec ses subordonnés qui souffraient depuis longtemps de difficultés financières. "J'obtiendrai un clan hall confortable et je leur achèterai des armes de bonne qualité !" Se promit-il.



De l'autre côté des pistes, il vit une naine près des bureaux du teratodrome qui échappait aux mercenaires qui essayaient de la retenir. Elle pointa la ligne d'arrivée, se plaignant de quelque chose. Enfin, il était compréhensible que quelqu'un finisse fâché, étant donné que le résultat était totalement inattendu de tout le monde.



Un peu plus tard, les juges se rassemblèrent autour de la naine, et au bout du compte, même les officiers les plus gradés furent appelés à la discussion. Se rapprochant les uns des autres, ils hochèrent la tête et discutèrent pendant un moment. Ils semblèrent finalement être arrivés à un consensus.



"Attention ! Nous avons une déclaration à vous faire !" Un administrateur de course se tint au centre des pistes et cria d'une voix tonitruante. "Nous avons corrigé l'erreur commise lorsque nous avons annoncé le gagnant de la 12ème course."



Le silence sembla régner sur le monde entier.



"Le premier arrivé est la ligne numéro un, Light my Fire ! Le second arrivé était la ligne numéro cinq, Over the Top !"



"Maître, les mercenaires ont tous été tués."



"Selon les règles de Courses de Monstres, lorsque n'importe quelle partie du corps du monstre traverse la ligne d'arrivée, ce monstre est considéré comme ayant passé la ligne d'arrivée. Dès lors, nous avons décidé que Light My Fire, dont la tête a atteint la ligne d'arrivée en premier, a gagné cette course. Nous voudrions aussi informer ceux qui ont parié sur Wind Rider, le troisième arrivé, et donc raté leur chance d'un poil, que nous vous donnerons un ticket de loterie pour vous prouver notre bonne volonté. Le gagnant de cette loterie sera tiré au sort demain."



"… Je suppose qu'ils n'ont pas attrapé cette femme."



"… Je suis ruiné."



"Pourquoi voudriez-vous déchiffrer les yeux d'une larve de fourmi ? N'êtes-vous pas Humain ?" Triant ses tickets, l'administrateur de la course ne semblait s'adresser à personne."



"Laissez-moi vous donner un ticket de loterie comme lot de consolation. Vous l'avez raté de si peu !" Dit la Naine tout en soulevant la tête détruite de la poupée.



"Venez par ici Monsieur. C'est très drôle."



Dans la pièce VIP au tapis rouge située d'un côté du Colisée, Sir Athebalt et ses gardes dansaient comme des orcs maladroits. Lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de Martien, il voltigea en l'air et balança sa taille tout en dessinant la forme d'un huit.



"Eh, voudriez-vous rencontrer un ange ?" Demanda-t-il au-dessus de la tête de Martien.



"Tout ça c'est de votre faute," dit la licorne d'un air triste. "Pourquoi n'êtes-vous pas devenu un ange comme je vous l'avais dit ? Quand vous étiez jeune, vous étiez un enfant si angélique !"



"Pour devenir un ange, vous devez vous entraîner trois ans chez Cedric, trois autres années à la Tour d'Ivoire et ensuite encore trois ans au village des Serviteur. Après avoir réalisé tout ça, vous devez encore gagner aux échecs contre Hardin ! Et cela coûte aussi beaucoup d'argent !"



Martien aurait voulu s'abandonner à courir dans la direction opposée au soleil. Tandis qu'il pensait à vouloir courir et courir, il réalisa soudain qu'il était déjà en train de courir et de hurler comme un animal fou. La foule, surprise, se poussa précipitamment de son chemin, jurant et lui criant dessus. "Ouch !" Gémit d'une voix quelque peu séduisante une jeune Elfe Noire que Martien venait de bousculer. Une expression perplexe sur le visage, elle se tint là un instant et regarda autour d'elle. "Miss Leirynn ! Miss Leirynn ! Où êtes-vous ?"



"El ! El ! Je t'avais pourtant dit de ne pas te promener toute seule, non ? C'est très peuplé ici. Tu peux facilement avoir des problèmes et que feras-tu ensuite ? Un endroit comme celui-ci attire beaucoup de gens bizarres."



Bien que quelqu'un ressemblant à la jeune compagne de l'Elfe Noire se montrait à quelque pas de là, la jeune femme n'ouvrit pas les yeux et continua de s'accrocher à sa cane imperturbablement.



"Oui, la personne devant moi agit bizarrement. Je pense qu'il est devenu fou après avoir perdu son argent."



"Tu ne devrais pas parler comme ça d'une personne qui se trouve juste devant toi !" La compagne de la jeune femme était une guerrière qui avait l'air ordinaire. Elle portait une armure légère, ainsi qu'une épée. Elle regarda Martien de haut en bas et ajouta, "Il a vraiment l'air d'avoir perdu la tête."



"Ah ? Vraiment ?"



Quelque chose explosa dans la tête de Martien. C'était un terrible cauchemar. Tout en hurlant des choses horribles qui auraient bien été dans son cauchemar, il se tourna vers la fille, geignant bruyamment. Il ressentit un terrible douleur entre ses jambes, comme s'il avait été percé par une lance, et se recroquevilla en boule.



"Oh wouaw, ça doit faire mal." La fille et sa compagne regardèrent Martien qui était en train de se tordre par terre. "Il a été touché par le Bâton de l'Esprit du Mal ! S'il ne peut plus jamais jouer le rôle d'un homme, en prendras-tu la responsabilité ? Nous t'avions prévenue de ne pas faire d'ennuis !"



"Quand quelqu'un vous attaque, il devrait s'attendre à une contre-attaque. Vous n'êtes pas d'accord ?"



"Quelle sorte d'ignorance est-ce donc ? Tu es plus âgée que moi. N'éprouves-tu même pas une once de sympathie ?"



"Et vous ? Si vous éprouvez tant de sympathie, pourquoi ne faites-vous pas un geste pour m'aider à me relever ? Je suis là, au sol, et j'ai mal !" Les mots se bousculaient dans sa bouche, sortant dans un grognement étouffé. La compagne posa les mains sur les hanches, et regarda alternativement la fille et Martien d'un air perplexe. Puis, soupirant, elle leur tourna le dos, à tous les deux.



"Retournons. Notre capitaine doit s'inquiéter pour nous."



La fille sembla hésitante, regardant à droite et à gauche. Puis elle souleva sont staff assez imposant. Martien, qui était toujours assis au sol, tressaillit à son geste et rapprocha précipitamment ses jambes. La fille se mit sur un genou et tâtonna prudemment le sol autour d'elle. Sa main toucha le pied de Martien.



"Eh ! Que faites-vous ?"



"Je suis désolée pour tout. Je croyais que vous alliez m'attaquer. Avez-vous toujours mal ?" La fille pencha gravement la tête vers lui et ajouta après coup, "Qu'allez-vous faire si votre masculinité ne fonctionne plus ?"



Dépourvus de mots, Martien ouvrit puis ferma la bouche sans sortir un mot. Il lui apparu soudain que la fille était aveugle. Elle secouait le bout de son pied avec un air inquiet.



"Êtes-vous méchamment touché ? Si vous n'avez pas perdu conscience, répondez-moi s'il vous plaît !"



"Ah, je… ah, ok… plus bas."



Elle eut un profond soupir de soulagement.



"Est-ce vraiment un Elfe Noire ? Pour une Elfe Noire, elle dispose d'étonnamment beaucoup d'expressions." A peine avait-il pensé ça, que Martien remarqua son expression s'assombrir.



"Quelque chose de terrible a du vous arriver. Mais il est dangereux d'attaquer quelqu'un comme vous l'avez fait." Il pensa que la fille allait le réprimander d'avoir essayé de frapper une aveugle. Mais ce n'était pas ça. "Pour ce que vous en savez, j'aurais pu être un meurtrier adorant tuer les humains juste pour le sport. Et si ça avait été le cas, vos membres serait éparpillés autour et votre cœur serait en train de sautiller par là-bas."



Son imagination lui rappela des illustrations sorties de quelque conte de fée sanglant. Martien hocha la tête, regrettant son comportement irrationnel. Il essaya d'expliquer pourquoi il avait couru à travers le teratodrome avec une telle frénésie. Martien était terriblement embarrassé. Si la fille n'avait pas été en train de le tenir fermement sur ses pieds, il savait qu'il se serait remis à courir en hurlant de nouveau.



Après avoir écouté son histoire, la fille tomba dans un état contemplatif. Fouillant dans sa chemise, elle sortir un bout de papier. Martien fut distrait par la poitrine opulente de l'Elfe Noire. Il regarda vivement son visage, puis regarda ailleurs, se rappelant qu'elle était aveugle. Il la regarda à nouveau, mais fut déçu qu'elle ait déjà réajusté ses habits.



La fille le tapota pour trouver sa main, et tout en glissant le papier dans sa main, "Tenez, prenez ceci."



Après s'être réveillé de son sommeil, Martien déplia prudemment le morceau de papier qu'il tenait. La surface de la route était irrégulière, faisait trembler le wagon librement. Craignant de perdre le papier, il le tint des deux mains.



"Frère, serais-tu encore en train de le regarder ?"



"Oui."



Son homme laissa échapper un soupir et tourna son regard sur la fenêtre du cocher. Son esprit était troublé par les soixante millions d'adenas qui s'étaient évaporés grâce à la sottise malveillante des dieux.



Sir Gustaf Athebald a dit que si vous échouiez encore cette fois, il vous ferait rencontrer un ange. Vous devez vous sentir comme moi, n'est-ce pas frère ?"



"Oui."



Ce que Martien avait reçu de la fille était un ticket nommant correctement le nom du vainqueur de la 12ème course de cauchemar. Inscrit sur le papier, un montant qui devait être l'équivalent d'un mois de salaire pour la jeune aveugle. Elle lui avait donné ce papier pour se faire pardonner de lui avoir infligé une blessure dont elle croyait, à tort, qu'elle allait l'empêcher d'exercer sa virilité. Puis elle était partie précipitamment. Ayant raté l'occasion de s'expliquer, Martien se sentit un peu coupable en pensant qu'il avait vendu son identité sexuelle pour de l'argent. Mais était-ce vraiment ce qui le tracassait ?



Le wagon filait à toute allure vers la capitale Aden. Alors que les bribes de leur conversation avaient presque disparu de son esprit, Martien ouvrit soudainement la bouche.



"Si une déesse apparaissait soudain devant toi, elle pourrait prendre la forme d'une telle chose."



"Quoi ?" La voix de son homme exprimait clairement son irritation à propos de cette discussion ridicule.



"C'est aveugle, impitoyable et sévère, mais aussi rempli de bonnes intentions."



"C'est certainement une manière philosophique de voir la chose, n'est-ce pas ?" L'homme de Martien croisa les bras, et carra ses épaules sur le dossier de son siège.



Grâce au cocher qui avait usé de la moindre once d'énergie et de compétence, ils avaient déjà dépassé la tour blanche des mages. "Oh !" s'exclama l'homme qui regardait à travers la fenêtre. Un gigantesque pilier gris apparut à l'horizon. Le sommet du pilier disparaissait dans les nuages, invisible. Dans le passé, c'était un pont qui reliait les cieux à la terre. Mais il y avait longtemps qu'il avait été coupé.



"Frère, voici la Tour d'Insolence."
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PostSubject: Re: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:29

Chapitre VII : L'Age de Splendeur - Aria (2)


"Va et rapporte que nous avons retrouvé la femme."

Shadow Fang avait tué tous les mercenaires qui recherchaient la Sainte Arche. Six jour après qu'Aria FirstMatter eut disparu des rues de Giran, elle réapparut à nouveau à Innadril, Sir Gustaf Athebaldt, Chevalier du Royaume d'Aden et chef de la célèbre famille Athebaldt, avait engagé des troupes de mercenaires pour la retrouver. Il trouvèrent une Elfe Noire correspondant à sa description à Heine.


"Vous êtes sûr ?"


"Oui. Lorsque je l'ai vue la dernière fois, elle avait les cheveux attachés à l'arrière. Elle avait l'air de n'avoir rien à faire du monde."


La brise océanique et le soleil du sud devaient avoir relâché la vigilance de l'Abyss Walker, qui était supposé être la plus puissante. Elle se promenait dans les rues au milieu des objets exotiques et de jouets innovants fabriqués par les nains de leurs mains agiles. Lorsqu'elle pénétra une zone plus extravagante, elle se courba respectueusement devant les vitrines. Pendant ce temps, plusieurs avaient rejoint la troupe des poursuivants.


"N'avons-nous pas assez de renforts comme ça ? Pourquoi ne l'attrapons-nous pas maintenant ? Si nous attendons plus longtemps, d'autres pourraient s'approcher."


Trouva-t-elle quelque chose qui lui plaisait dans la vitrine ? Tandis que ses poursuivants hésitaient, Aria s'arrêta un instant devant un magasin de tissus au bord du canal, puis disparut dans le magasin. Trois ou quatre mercenaires entrèrent à sa suite, prétendant être des clients.


Le magasin offrait des armures et divers types d'équipement pour les aventuriers, en plus de magnifiques vêtements pour dames et gentilshommes plus classes. Les deux types de clients n'étaient pas toujours clairement reconnaissables. Par exemple, on pouvait souvent observer les fils et filles de riches familles marchandes admirant des armures brillantes, ou bien des femmes de guerriers captivées par des robes en satin. L'intérieur du magasin était plus bruyant que ce qu'avaient imaginé les mercenaires. Ils furent pris au dépourvu par le nombre étonnamment grand de clients qui se trouvaient dans le magasin.


"Où est l'Elfe Noire qui vient juste d'entrer ?"

L'un des mercenaires attrapa le propriétaire du magasin à la gorge. L'Elfe, pas du tout effrayé, fit calmement un geste vers trois Elfes Noires, qui renvoyèrent un regard furieux. Aria FirstMatter n'était pas parmi elles.

Un des mercenaires envoya un signal, et plusieurs d'entre eux pénétrèrent le magasin en une fois. Quelques clients crièrent, tandis que d'autres se renfrognèrent d'irritation. Les mercenaires furent quelque peu dissuadés en réalisant que certains des clients portaient des objets solides qui auraient pu être utilisé comme armes contre ceux qui venaient de déranger leur shopping. Cependant, les clients ne les attaquèrent pas. Très clairement, leur plaisir de faire du shopping était ruiné pour la journée, alors ils avaient l'air de réprimer leur irritation autant que possible.

"Y'a-t-il une porte à l'arrière ?"

Poussant de côté quelques boites empilées à l'intérieur du magasin, quelques mercenaires trouvèrent une porte à l'arrière et sortirent. Des mouettes s'envolaient dans le ciel tandis que les gondoles glissaient tranquillement sur le flot calme du canal. De nobles dames, vêtues de blanc, protégeaient leur tête avec des parasols, profitant de promenades gracieuses, et ignorant ou se désintéressant des activités des mercenaires.

Un mercenaire traversa le magasin, s'approcha des cabines d'essayage, et tira violemment l'un des rideaux. Debout à l'intérieur, se tenait une jeune femme terrifiée, sur le point d'éclater en sanglots. Les autres mercenaires tirèrent le second et le troisième rideau des cabines d'essayage.

Au moment où ils tirèrent le second rideau, un cri strident déchira les tympans de toutes les personnes dans le magasin. Une minuscule Naine tremblante se débattait pour couvrir son corps presque nu avec une tunique. Lorsqu'ils regardèrent dans la troisième cabine, ils se figèrent comme une grenouille devant un serpent. Un gigantesque Orc se tenait là, nu, les regardant d'un air furieux. Sur l'étagère se trouvait une pile de vêtements usés et une paire de gants de fer.

Le malheureux mercenaire qui avait tiré le rideau, fixa les impressionnants muscles abdominaux et l'énorme poitrine verte recouverte de cicatrices. Il aurait mieux fait de stopper son regard là, mais le mercenaire continua de regarder vers le bas. Lorsqu'il réussit enfin à remonter les yeux, ils croisèrent ceux de l'Orc. Il voulut s'excuser mais au lieu de ça, ses lèvres se tordirent dans rictus ridicule. Il essaya de refermer le rideau qu'il tenait toujours, mais celui-ci tomba d'un coup au sol.

"Euh, Sire. Je crois qu'il y a eu un terrible malentendu." La langue du mercenaire le trahissait. Le tatouage dessiné sur le crâne de l'Orc se froissa en un étrange de motif. Les poings verts, plus gros que la tête d'un enfant, se serrèrent devant les yeux du mercenaire, tandis que l'Orc émettait un son inquiétant.

"Ce magasin semble vraiment agité aujourd'hui. Peut-être que de nouveaux tissus sont arrivés d'Avella. Voudriez-vous y jeter un coup d'œil Madame ? Le gondolier regardait la "Boutique d'Espen et Verona" les yeux plissés. Il semblait plus motivé à satisfaire sa propre curiosité que celle de sa cliente.

"Non, je n'aime pas les endroits peuplés," répondit la femme. Le gondolier parut quelque peu déçu, mais comme tout habitant d'Innadril, il se mit à fredonner un air. Le vent qui soufflait sur la rivière était inhabituellement léger et rafraîchissant, et la cliente qui était soudain montée sur son bateau lui avait donné une généreuse somme. Avoir une aristocrate Elfe Noire comme client était de plus une expérience rare dont il pourrait plus tard se vanter auprès des autres gondoliers.

"Où puis-je vous emmener, Madame ?"

Aria FirstMatter lissa sa jupe, couvrit ses chevilles et leva la tête. Elle tenait un parasol qui la protégeait d'un soleil agressif. Lorsque la gondole passa sous l'un des innombrables ponts de Heine, elle referma son parasol et se passa les doigts dans les cheveux pour les brosser vers l'arrière.

Bien que tentée de rester là où ils étaient, elle pressentait que ses poursuivants était encore trop proches pour être à l'aise. Elle regarda autour et pointa un autre pont à deux blocs de là.

Aussitôt la réponse reçue, il poussa habilement sa perche, faisant ainsi avancer la gondole. Aria sentit la tension dans son corps disparaître au fur et à mesure. Elle imagina à quel point ce serait bon de pouvoir profiter de cette croisière sur le canal sans aucuns soucis.

Un peu plus tard, lorsque la gondole arriva à destination, le gondolier déposa silencieusement sa perche à sa place et attendit. Le sac d'or qu'elle lui avait lancé l'avait probablement aidé à devenir une personne plaisante et accommodante. Elle se sentait fatiguée d'être constamment pourchassée, aussi, cet égard lui était un luxe bienvenu. Aria ne se fâcha même pas lorsque Piriel Aurura se montra avec une demi-heure de retard sur leur rendez-vous.

"Ah ! Enfin ! Comment suis-je supposée vous retrouver à un endroit pareil ?"

"Tu es un Scavenger." Répondit Aria brièvement. Après un moment, elle ajouta, "A propos, ton hurlement était excellent, comme d'habitude."

"Le truc, c'est de mettre tout son cœur dans le cri. Une fois que tu réalises ça, même toi tu peux le faire."

Piriel sauta du pont dans la gondole. Si le gondolier n'avait pas habilement manipulé sa perche pour équilibrer le bateau, ils se seraient pris une douche avec l'eau provenant de l'impact. Bien qu'Aria eût beaucoup de considération pour les compétences de la Naine, le caractère de cette dernière avait plutôt tendance à l'agacer.

Aria exprima son désir de faire le tour complet des canaux de la cité, et la gondole se remit en mouvement. Dès qu'ils sortirent de l'ombre des ponts, le soleil les salua d'un sourire de bienvenue. Aria déplia son parasol pour protéger sa peau à nouveau. Tandis que la gondole glissait à une allure paisible, le gondolier leur présentait plusieurs endroits tout au long du chemin.

"Tu déranges les autres en faisant ce que tu as fait."

Tout en grognant, la Nain tira son sac à dos, qui était plus qu'elle-même, et le posa sur le sol de la gondole. En raison du poids, le bateau se secoua de haut en bas à nouveau.

"Je sais, tu as raison."

La Naine commença à déballer ses provisions. Aria avait toujours été surprise par la capacité des Nains à porter des poids très lourds sur leur épaules. Sur le champ de bataille, elle avait même vu un Nain utiliser les fournitures de son sac pour équiper les soldats d'une unité avec des armures et des épées longues, et pour les nourrir. Elle supposait que c'était la raison pour laquelle les Nains ne grandissaient pas en taille en vieillissant.

"A propos, Espen se morfondait en gémissant autour de moi. Si des pervers entendent une rumeur selon laquelle des Nains et des Orcs se retrouvent nus et en liberté dans son magasin, ils vont se ruer en masse. Cela pourrait ruiner son commerce."

Piriel trouva finalement l'objet qu'elle cherchait dans son sac à dos. Elle souffla dessus et l'essuya avec sa manche. C'était une fiole en verre contenant une substance rouge sombre. Aria pouvait voir qu'il s'agissait de sang, vieux et seché. Avant de donner le Sang des Saints, Piriel sembla soudain réaliser quelque chose et parla.

"Je sais que c'est une question bizarre à poser à une Elfe Noire, mais je vais quand même le faire. Tu as mauvaise mine aujourd'hui. Ton visage est d'une pâleur mortelle. J'ai raison ?"

"Oui," Aria acquiesça volontiers, bien que ce fût inattendu. "J'ai été sérieusement attaquée par deux hommes du Nord."

Piriel fit claquer sa langue et dit, "À cause de ces maudites reliques, deux vies innocentes ont péri." Une expression bizarre sur le visage, Aria rangea le Sang des Saints. Piriel commença à s'alarmer et parla fort. "Ne me dis pas ! Tu les as laissés en vie ? Qu'est-ce qui t'as pris ?"

"Rien. Et ne me parle pas comme si j'étais je ne sais quel meurtrier, d'accord ?" Depuis peu, des émotions bouillonnaient à l'intérieur d'Aria et avant qu'elle ait pu réprimer ses impulsions, elle se retrouva en train de les exprimer.

"J'ai du devenir faible," décida-t-elle. "Bien que je paraisse jeune, j'ai vécu la même période que ce monstre fou enfermé dans la tour. Je me sens comme une vieille sorcière dont l'intérieur aurait complètement pourri."

"Une chose est sure," Piriel sortit sa pipe et la mit en bouche. "Toi, comme moi, nous ne pouvons plus prétendre être de jeunes lutins."

Piriel était sur le point de sortir son briquet, quand elle réalisa qu'elle l'avait mis tout au fond de son sac. Le gondolier, resté silencieux jusque là, saisit une petite brindille fumante de la boite à charbon et la lui tendit. Tout en tenant sa pipe en bouche, Piriel sourit au gondolier et baissa la tête.

"Si c'est vraiment ce que tu penses, tu devrais peut-être arrêter ce genre de boulot." Après un instant de réflexion, Piriel ajouta, "Ce que tu veux vraiment, c'est rencontrer ce fou dans la tour et papoter de l'ancien temps."

Aria pouffa de rire."Je ne peux nier y avoir pensé."

"C'est le privilège des anciens comme nous que de faire travailler les jeunes pendant que nous nous asseyons et regardons."

Au moment où Piriel dit ceci, le gondolier ne put plus se retenir et éclata de rire. D'un point de vue Humain, elle ressemblait à une jeune fille de 10 ans tout au plus, mais elle tenait des propos trop matures pour son âge.

"Quelle façon couarde d'échapper à la réalité."

"Qu'y a-t-il de mal à ça ?" marmonna Piriel tout en regardant le bureau de la Guilde du Commerce de l'autre côté du canal. "Quelques Anciens Humains parlent souvent comme ça. Regarde Heine, Athebaldt, et oui, Rodemai aussi."

Aria hocha la tête, le visage triste et fatigué.

"Ce travail doit être fait de nos mains. La jeunesse est l'espoir de notre futur."

Piriel ricana.

"Ne te méprends pas. Que tu causes un problème ou que tu le règles, tu dois le faire toi-même. Je dirais que la moitié de ta motivation, c'est de sauver ton ancien petit ami. Je sais que tu es anxieuse à l'idée de te débarrasser du Tetrarch Thifiell. Honnêtement, je ne suis pas tout à fait contre sa façon d'agir. Après tout, qu'y a-t-il de mal à ce que des Elfes Noirs s'allient avec des Elfes ? Je dis, égalité pour tous. Bonheur pour tous ! C'est même écrit dans les Tablettes de Maphr."


"Peut-être avons-nous trop parlé," pensa Aria. Un gouffre séparait bel et bien les Elfes Noirs des Elfes. Piriel ne creusa pas ce point plus avant. Cependant, lorsqu'Aria lui tendit l'argent, la Naine eut une remarque inattendue.

"Fais attention à ton propre peuple maintenant qu'il ne te reste plus beaucoup d'alliés."

Aria savait déjà cela. Ce qui la surprit, c'est que cette Naine d'apparence très calme fut inquiète pour sa sécurité.

"Humph." Plutôt que d'exprimer de la gratitude, Aria répondit sarcastiquement. "Tu devrais t'inquiéter de ton propre bien-être. J'ai sais aussi qui la Guilde des Enclumes Noires pourchassait désespérément."

"Je pense que le Maître Brikus et le Maître Mage Xenovia de la Guilde des Elfes Noires ont reçu l'ordre de t'éliminer à vue. Les deux qui t'ont attaqué plus tôt doivent déjà être en train de se diriger vers ici. Des membres plus jeunes de ta propre profession ont été vus il y a peu dans les ruelles mal famées de la ville. Des Abyss Walkers, je veux dire. Même si tu te lamentes de ta propre faiblesse, je ne peux pas t'aider. Compris ?"

"Je sais."

Le soleil se noya lentement sous la ligne d'horizon, puis disparut sous les ponts un peu plus loin. Le canal était une rivière de rubis, teintée de lumière rouge brillante. Aria se sentait heureuse que dans la Ville d'eau des Humains et des Elfes, la beauté puisse être ressentie même par une Elfe Noire telle qu'elle. La naine se tourna vers elle et sauta soudain au cou d'Aria. Leur différence de taille rendit le geste encore plus bizarre. Piriel enfonça son visage dans le ventre d'Aria. Elle résista à son envie première de balancer la Naine par-dessus la gondole et arrêta son bras à mi-chemin dans les airs. Elle ne savait pas comment gérer une situation telle que celle-ci, ni quelles étaient les réelles intentions de la Naine.

"Ne… meurs pas…. Ok ?"

L'Elfe Noire mis sa main droite sur la tête de la Naine. Elle voulut la caresser mais ne savait pas vraiment comment faire. Après un moment, elle repoussa lentement la Naine.

"Je t'ai dit. Je me sens plus faible que ce que je suis." Aria essaya de se lever mais le gondolier lui fit rapidement signe de se rasseoir. Au lieu de lui obéir, elle commença tout doucement à se déshabiller. Le gondolier regarda ailleurs précipitamment, mais ce n'était pas nécessaire. Sous sa robe, elle portait une armure de cuir. "C'est tout ce que je voulais dire."

Elle remarqua un autre pont qui approchait et se retourna lentement, tournant le dos à la Naine et au gondolier.

"Qu'importe que l'ennemi soit un ou plusieurs, Humain ou Elfe Noir, jeune ou vieux…"

Aria FirstMatter rassembla ses cheveux et les attacha en queue de cheval.

"Je reste, du moins jusqu'à présent, la plus puissante."

Puis, telle l'ombre d'un oiseau volant au-dessus des têtes, elle disparut soudainement.
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Chapitre VIII : L'Age de Splendeur - Martien (3)


D'innombrables aristocrates et saints avaient été enterrés dans le cimetière d'Aden. La pierre tombale que Martien touchait était cachée dans un petite partie de la foret, entourée de hauts arbres à branches épaisses. Quelques années auparavant, lors de sa première visite à cette tombe, il avait eu l'impression que le cimetière était un endroit propre et spacieux. Cependant, il réalisa que cela n'était dû qu'à sa grande taille.

"Les seuls gardiens de tombe dans cet endroit sont ces créatures bizarres."



Martien et ses hommes retinrent leurs souffles en même temps tandis qu'une gigantesque créature, dont le haut du corps était celui d'une femme humaine et le bas celui d'un serpent, s'éloignait silencieusement en ondulant. Ils ne bougèrent pas avant que la bête n'ait complètement disparu de leur vue. Non rémunérés et insomniaques, les gardiens de cette tombe étaient aussi hostiles à l'égard des infortunés pilleurs de tombes qu'à celui des innocents visiteurs. Ils avaient infesté l'endroit vers l'époque où la guerre entre Elmore et Aden avait éclaté. Aden avait envoyée autant de soldats que possible au front, négligeant le vaste cimetière. Vers la fin de la guerre, certains soutinrent qu'il fallait que la sécurité du cimetière soit maintenue. Cependant, il était trop vaste. Pour parvenir à chasser les monstres du cimetière, il aurait fallu autant d'hommes que pour construire un château. Dès lors, le projet de maintien du cimetière fut ramené en bas de la liste des priorités. Une fois la guerre finie, le projet lui-même s'était perdu.



Une fois toutes traces d'autres créatures disparues, l'attention de Martien revint sur la petite pierre tombale. "Je me demande quel genre de personnes est enterré ici ? Elles ont sûrement du se distinguer en haut lieu. Seules de telles personnes peuvent être enterrées dans ce cimetière." Mais cela n'aurait pu être un membre de la famille royale. Une section séparée était prévue uniquement pour la famille royale et elle était encore intégralement préservée. Donc cela ne pouvait être que des personnes qui avaient dû se distinguer suffisamment pour avoir leurs noms mentionnés dans les annales de l'histoire. Mais Martien ne savait rien de tout cela. Ceux qui vivaient l'Age de Splendeur n'éprouvaient aucun intérêt pour ce genre de chose.



Martien était étonnamment soulagé à l'idée que le temps efface la vie d'une personne à la longue. Il continuait de caresser la pierre tombale tout en se demandant pourquoi il éprouvait de tels sentiments.



"Es-tu triste ? Tu as du être un grand homme, prêt à se sacrifier. Mais à présent, plus personne ne se souvient de toi."



Soudain, la pierre tombale ouvrit les yeux et la bouche.



"Que sont ces propos stupides, espèce d'idiot ? Je suis mort. Pourquoi voudrais-tu que je m'embarrasse de questions si triviales ?

"Mais ceux qui t'ont enterrés ici ont du ériger cette tombe dans le but de se souvenir de toi, non ?"



"Peux-tu seulement imaginer combien de temps s'est écoulé depuis que les dieux ont créé ce monde ? La vie d'une personne passe en l'espace d'un clignement des yeux. Même si mon nom avait été écrit dans les livres, combien de temps crois-tu que ma mémoire vivrait ?"



"Tu as du être un Grand homme. C'est pour ça que tu reposes ici."



"Je l'étais peut-être. Ou peut-être pas. Il n'y a rien d'absolu en matière de Grandeur."



"N'as-tu pas essayé d'avoir une vie honorable, afin de pouvoir être enterré dans un grand cimetière comme celui-ci ? Même si depuis, il est tombé en ruine."



"Qui pourrait donc avoir des pensées aussi déprimantes de son vivant ?"



"Seuls ceux qui dédient leur vies à l'accomplissement de quelque chose."



"Tu mélanges conséquences et buts."



"Tu veux dire que chacun d'entre nous à ses propres objectifs ?"



"C'est une façon banale de poser les choses."



"Je pourrais mourir aujourd'hui ou demain. Que crois-tu que je devrais faire ?"



"Aha ! Enfin tu en viens au fait."



"Réponds-moi !"



"Ne réfléchis-tu pas à ça depuis le début ? Tu devrais déjà le savoir. Je ne suis que le reflet de ton esprit. Allons, quittons-nous, tes hommes t'appellent."



"Frère ! Ne devrions-nous pas continuer ?"



Martien et ses hommes se déplacèrent furtivement à travers le cimetière, avec la lune comme seule guide. Ils chargèrent les biens volés qu'ils avaient récoltés du cimetière dans leur wagon et partirent. Une fois très loin du cimetière, une des trois voitures se dirigea au sud. Une voiture se dirigea au nord, et la dernière, avec Martien à son bord, prit la direction de la porte est d'Aden. Quand ils arrivèrent dans la ville, Martien et ses hommes devaient recevoir leur compensation de la part de son employeur. Si tout était allé comme prévu, il diviserait sa part de la récompense et paierait ses hommes pour leurs besoins en vêtements et nourriture.



"Cela ne se peut…"



La voiture s'arrêta subitement. Dans le wagon, Martien se mit à rire très bruyamment. Très vite, le cliquetis des armes et des armures se mélangea au bruit de voix en colère.



"Stop !" Cria-t-il de tous ses poumons à l'intérieur du wagon. La bagarre s'arrêta subitement. Martien était envahi de sentiments de satisfaction et d'excitation. Il se concentra pour écouter ce qui se passait dehors. Personne ne suivait le wagon. Le plafond de la voiture fut tiré et l'un des hommes regarda à l'intérieur. Dans la pénombre du wagon, quelqu'un était assis sur la Sainte Arche.



Martien hurla après quelqu'un hors du wagon, "Je suis Martien, propriétaire du magasin Mer du Sud ! Parlons !"



Aucune réponse. Le cœur de Martien battait la chamade dans sa poitrine. Ses tempes palpitèrent. Dans un silence pesant, quelqu'un se mit à ricaner.



"Ça commence à devenir intéressant. Je suis Staris, de l'Association des Gens Inquiets pour la Forêt."



Martien se leva de la sainte arche. Il alla à l'arrière du wagon et souleva le battant pour regarder autour. Lorsque ses subordonnés le virent, ils se réjouirent grandement. Il demanda si tout le monde allait bien et ils hochèrent tous lentement la tête. Les yeux brillants et félins d'une Elfe Noire se fixèrent sur lui férocement. Un jeune Elfe Noir se tenait à côté d'elle.



"Staris ?"



L'Elfe Noir acquiesça, un léger sourire sur le visage. Martien lui fit signe de s'approcher.



"Pourquoi ne venez-vous pas à l'intérieur ?"



L'Elfe Noir s'introduisit avec légèreté dans le wagon. Les hommes de Martien restèrent dehors, indécis quant au déroulement de la situation. "Frère…" Dépourvus de mots, ils regardaient Martien avec des yeux désespérés.



"Calmez-vous les gars. Calmez-vous."



Un instant plus tard, Martien et Staris se faisaient face. Martien s'assit sur la sainte arche, tandis que Staris restait debout devant lui. Son regard se posa sur le trésor de l'Ancien Empire, sur lequel était assis Martien. Martien alluma une lampe pendue dans le wagon et observa l'Elfe Noir.



"Ton visage… Je te connais de quelque part."



"J'ai travaillé pour le magasin Mer du Sud il y a quelques temps. Ta paie était minable. Misérable."



"A quoi t'attendais-tu ? Quand les affaires sont maigres, les paies le sont aussi. Je pouvais rien y faire. Enfin, pourquoi as-tu choisi ce wagon ? Tu n'as tout de même pas décidé ça aux dés, n'est-ce pas ?"



"Si je te dis que j'ai aussi envoyé des gens sur les autres voitures, tu te sentiras mieux ?"



"Je peux toujours vérifier. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas le cas. Pourquoi ne me le dis-tu pas honnêtement ?"



Martien avait conçu un plan quand il avait été désigné pour déplacer la sainte arche du cimetière à un autre endroit. L'idée lui était venue de préparer un faux wagon comme appât, au cas ou un scénario comme celui-ci se déroulerait. Il discuta de son plan avec son employeur, mais ne le révéla à personne d'autre. Bien que les détails du plan aient changés à plusieurs reprises, une chose était restée : l'arche serait placée dans le troisième wagon.



"M'aurait-on trompé ?" L'Elfe Noir demanda incrédule. "Donc cette arche est fausse ?"



Martien était submergé par un goût de victoire, ce qu'il n'avait plus ressenti depuis bien longtemps. Se frottant les mains, il essaya de se calmer suffisamment pour parler. Il savait que sont prochain mouvement serait crucial. "Qui t'as envoyé ?"



"Une personne hautement distinguée de Giran. Dois-je en dire plus ?"



La réponse était inattendue. L'Elfe Noir pouvait très bien lui mentir. Il aurait pu sortir n'importe quel nom. Tandis que Martien considérait toutes les possibilités, l'Elfe noir parla.



"Il y a quelques temps, un messager d'une société est venu voir le Hierarch Asterios. Tu n'as pas besoin de connaître les raisons. Mais cette société était une sorte d'association au sein de laquelle des personnes distinguées se rassemblaient pour promouvoir un peu plus de la simple amitié."



Martien sourit amèrement tandis qu'il se levait et donnait un coup de pied à la sainte arche. Il jura sur quelqu'un qui n'était pas là. L'Elfe Noir resta simplement là les bras croisés durant cet accès de colère. "Si l'arche est bien un faux, pourquoi devrais-je m'en faire qu'elle soit réduite en morceaux ?"



"Puis-je te dire un secret ?" Martien respira lourdement et regarda autour. Un vieux marteau retint son attention. Lorsque l'Elfe Noir vit Martien porter le marteau à son épaule, il inclina la tête avec un regard perplexe. Martien lui fit un large sourire et balança le marteau sur l'arche de toutes ses forces. Bien que cela sonnât comme quelque chose en train d'être fracassé, l'arche n'eut même pas une égratignure. Mais le sol en dessous était cassé. Martien continuait de sourire de toutes ses dents à l'Elfe Noir. "Oh, c'est donc la vraie, très bien…"



Un peu plus tard, Martien et Staris sortaient du wagon. Les bandes des deux camps les regardèrent tous deux d'un air interrogateur. Martien appela ses subordonnés pour s'assurer qu'ils n'étaient pas méchamment blessés.



Bien que certains avaient des bras ou des jambes cassés, et avaient même reçu des flèches, aucun n'était mortellement blessé. Après avoir murmuré quelques mots à l'Elf Noir, Martien partit avec ses hommes. Il émit quelques phrases forcées telles que "Aaaaargh… Ils sont trop forts !" "Nous ne sommes pas de taille contre eux !" et "Partons d'ici !"



Staris partit avec quelques-uns de ses hommes vers la périphérie du cimetière. Dans une petite forêt située dans la section nord-ouest de l'Entrée Interdite, il trouva une pierre tombale, désertée depuis longtemps. Du bout de sa botte, il écarta la terre devant la pierre.



L'"Association" obtint la clé de la sainte arche.
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PostSubject: Re: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:30

Chapitre IX : L'Age de Splendeur - Aria (3)


Le croissant de lune souriait de manière radieuse. Du pont, une corne signala le départ d'un bateau. Le phare de Heine, le plus beau de son espèce, envoya un rayon bleuté qui illumina le ciel. Pour la plupart des habitants de Heine, ce jour était un jour comme les autres. Cependant, les plus sensibles d'entre eux sentaient que l'atmosphère des rues était un peu différente.



La Guilde des Elfs Noirs paraissait d'habitude inoccupée car peu de monde passait ses portes. Dès que la lune eut apparu, la guilde fut fermée à clé. Même les quelques aventuriers qui d'ordinaire se baladaient dans les magasins, ne s'étaient plus montrés depuis tôt le matin. Sur le quai et aux alentours des portes du château, des Elfs noirs en nombre inhabituel, fourmillaient.



"C'est comme si tout le monde attendait que la fête commence," dit Flauen, le gatekeeper Heine, tout en regardant la lune courbée telle une lame de Shamshir. Baissant le regard, il vit le dos de deux Elfs Noirs en train de s'éloigner de lui. L'un d'entre eux semblait sévèrement blessé et marchait avec difficulté. L'autre Elf Noir qui aidait son compagnon, portait un arc impressionnant, un carquois noir et des flèches ornées de petits drapeaux noirs.



"Bonnes gens ou vauriens ?" Se marmonna Flauen à lui-même en indiquant les deux Elfs Noirs. "Quand je vois ceux qui luttent dans cette bataille solitaire qu'est la vie, j'ai envie de leur donner un coup de main."



"Je n'arrive pas à croire que je vais pouvoir me battre avec FirstMatter."



Maître Brikus marmonnait, serrant sa ceinture. Après avoir ajusté ses habits soigneusement, il frotta du pouce le sang d'un combat précédent sur son armure afin de le faire disparaître. Aux yeux de Xenovia, il était chargé de tension comme un apprenti sur le point d'être testé par son maître.



"L'avez-vous déjà rencontrée ?"



Le visage morose, Maître Brikus compta sur ses doigts et dit.



"C'était il y a 15… peut-être 18 ans, quand je travaillais comme sentinelle. Elle avait été invitée comme instructeur spécial."



"Quel genre de personne était-elle ?"



Maître Brikus pinça les lèvres et regarda en l'air. Remarquant la ride profonde qui se formait entre ses yeux, Xenovia supposa qu'il était peut-être en train de se remémorer quelque mauvais souvenir.



"La seule chose dont je me souviens c'est que durant toute la session d'entraînement, elle avait eu l'air fatigué. Au début, on pensait qu'elle n'était pas du tout intéressée à nous entraîner. Pour ma part, je ne l'aimais simplement pas."



Xenovia rassembla quelques livres de sorts et autres potions et les mit dans la sacoche attachée à sa ceinture. Elle serra son épée de côté, tout en espérant ne pas avoir à en faire usage. Elle ne parvenait pas à se décider si elle devait ou non mettre son armure.



"Laisse ça derrière !" Lui dit Maître Brikus, et elle laissa tomber l'armure lourde qui ne ferait que la ralentir dans sa vitesse de lancement des sorts. "Je serai toujours là, entre toi et FirstMatter."



"Si j'avais été une Elfe," sourit Xenovia, "J'aurais dit quelque chose comme 'Je serai toujours là pour vous protéger, qu'importent les circonstances.'"



"Quelle drôle de chose à dire," gloussa Maître Brikus. Il éclata de rire quand ses yeux croisèrent ceux de la magicienne. Une fois remis de son amusement, il passa le bras autour du cou du Maître mage et l'attira doucement à lui. Xenovia reçu un bisou.



"Même lorsque tu seras âgée, ne deviens jamais comme cette femme." Lui dit Maître Brikus, son visage gentiment entre les mains."



"Une femme pénible ?"



"Une femme préoccupée de sa personne et dure avec elle-même."



Maître Brikus sentit un inconfort entre ses omoplates et réajusta son armure. Il enroula soigneusement une longue bande de tissu autour de son torse pour minimiser les chances de saignement. Il portait deux épées sur les côtés et cachait deux dagues dans ses bottes. Un petit arc pendait dans son dos et son carquois suspendu à sa hanche. Il mit une paire de gantelets, puis son manteau qui cachait adéquatement la plupart de ses armes.



"Nous n'avons rien laissé derrière n'est-ce pas ?"



Xenovia hocha la tête et il ferma la porte de la guilde à clé. Pendant qu'il replaçait la clé dans sa cachette habituelle sous les escaliers, elle pendit une pancarte à la porte sur laquelle on lisait, "Aujourd'hui, nous sommes fermés." en lettres sombres.



Environ deux cents gardes furent divisés en quatre unités, consistant chacune en une cinquantaine d'hommes, alignés en formation croisée. Ils attendaient les ordres de leur supérieur. Lorsque le Capitaine Gosta apparut du côté de Durphis, un garde gradé, tout le monde le salua à l'unisson. Ils marchèrent sur la porte ouest du château de Heine et se dirigèrent vers les Champs de roseaux.



"Oh oh, ils sont en mouvement. Ils y vont !"



Dans le wagon, Iason Heine regardait la procession avec grand intérêt. Son wagon avait été rangé sur le côté ouest de la route qui avait été bloquée au trafic civil afin de laisser passer l'armée. Quand Innadril avait été construit, la famille Heine avait fait don d'une grosse somme d'argent au seigneur. C'est pour cela que la ville fut nommée d'après son nom. Ils avaient aussi contribué au grand projet de construction de la ville flottante. Actuellement, Iason Heine occupait la position du douzième Seigneur du clan Heine, le plus riche d'Innadril.



"Vous feriez mieux de baisser le rideau, Sire. S'ils reconnaissent votre visage, vous pourriez être en danger."



Face à l'inquiétude pressante de son secrétaire, Iason Heine s'esclaffa et répondit, "Quel genre de problème pourrait bien m'arriver ? Ils sont prêts à se battre pour moi, risquant leur vie contre le clan Tasaba, mon ennemi qui m'a volé mes biens. Ne croyez-vous pas que la moindre des choses est de les regarder partir ? Après tout, pour mobiliser tous ces gardes pour cette mission, j'ai du corrompre le nouveau seigneur avec beaucoup d'argent."



Le visage du secrétaire s'assombrit alors qu'il essayait de l'avertir. "Sire, si quelqu'un vous entendait !"



Iason Heine ferma la fenêtre et s'enfonça dans son siège. Il était presque l'heure de repartir. Tapotant sur la fenêtre qui séparait son compartiment de celui du cocher, il cria, "Allons-nous en d'ici !" Le cocher fit avancer les bêtes.



De l'extérieur du wagon, les sons reposants du Champ de Roseaux semblèrent calmer les esprits. Fermant les yeux, l'éminent marchand imaginait les roseaux en train de danser. Il imagina aussi les assassins au visage pâle en train de piétiner les roseaux dans leur marche vers la ville flottante. Son imagination n'était pas loin de la réalité.



"C'est lent."



Après avoir enlevé la pancarte qui disait "Tout juste arrivés ! Nouveaux produits !", Verona posa les mains sur les hanches et s'étira le dos. Elle entendit ses os craquer. "Ouch !" Elle se massa le bas du dos avec le poing et entra dans le magasin. Fermant la porte, elle tira le verrou et pendit une pancarte sur laquelle on lisait "Fermé aujourd'hui".



"Comment ? Tu es encore là ?"



"Eh bien, que dois-je faire maintenant ?" Verona regarda à travers le magasin. Espen posa ses deux pieds sur le comptoir, se pencha en arrière et ouvrit un magazine. Deux clients étaient toujours dans le magasin.



"N'as-tu pas dit que tu devais partir aujourd'hui ?"



"No !" Piriel Aurura, une Scavenger, était assise sur le sol et lançait son dé d'une mine boudeuse. Je ne veux même pas voir l'ombre d'un Elf Noir. Je vais simplement rester ici aujourd'hui."



"Tu es bouleversée par quelque chose, je peux le voir." Verona tapota gentiment la tête de la Naine pourtant bien plus âgée qu'elle-même.



"Je ne peux vraiment pas le supporter !"



Piriel n'arrivait pas se débarrasser de sa frustration. Après avoir joué encore un peu avec son dé, elle comprit enfin la raison de sa mauvaise humeur, même si elle ne s'en sentit pas mieux pour autant. Elle regarda le marteau de fer, son outil favori. Elle s'imagina en train de frapper la tête d'une certaine vieille Elfe Noire. D'une certaine manière, cette pensée améliora considérablement son humeur.



"Piriel Aurura." Le propriétaire du magasin était surpris de voir la Naine rigolant pour elle-même. Elle le regarda comme s'il venait juste de la tirer d'un rêve. "Saurais-tu par hasard quelque chose à propos du 'Vin de Dreviant' ?"



Piriel répondit que ce vin était produit en petite quantité de manière artisanale dans la Forêt Maudite. Les ingrédients, les 'Pino Rouges' n'étaient cultivés qu'à Gludio. Le poison, extrait d'une araignée, était fermenté à l'aide de méthodes secrètes apprises des démons. Elle ajouta que le goût avait une texture de soie et une fragrance unique, inoubliable. Le marchand elfe acquiesça et sourit.



"Que dirais-tu si je te disais qu'une des douze caisse de ce vin fabriqué il y a vingt-neuf ans dans une cave appelée Astaron, était actuellement cachée sous ce comptoir ?"



La mâchoire de la Scavenger en tomba et ses yeux s'écarquillèrent. Espen demanda à Verona d'apporter des verres à vin. Les trois s'assirent sur le sol du magasin et versèrent le vin légendaire dans les verres.



"Hey Sorbo !" Espen appelait le préfet Orc. L'Orc massif se sentait toujours coupable du fait que la moitié du magasin ait été détruite suite à ses actes plus tôt dans la journée. Pour se racheter, il s'était attelé à réparer le magasin. Mais, conformément à l'adage qui dit qu'on ne peut attendre d'un orc qu'il fasse correctement un travail requérant une certaine dextérité des mains, il ne fit que détruire un peu plus le magasin.



"A moins que tu ne soies en train de développer une nouvelle technique de combat avec ce marteau, s'il te plaît, pose-le et viens boire un verre avec nous."



L'Orc s'assit en silence avec les autres.



"On dirait que nous avons un verre en trop."



"Non, c'est tout à fait juste."



Espen versa du vin pour tout le groupe, puis remplit le dernier vers à ras bord.



"Elle devrait se montrer à la pointe du jour. Pourquoi ne commencerions-nous pas à boire en l'attendant ?"



La température chuta avec la tombée de la nuit et le vent commença à souffler de la mer. Un par un, les citadins et les gardes disparurent. Les seules créatures rôdant dans les rues étaient les Elfes Noirs, dont la peau avait la même couleur que le clair de lune.



Environ une douzaine d'Elfes Noirs se précipitèrent dans l'allée auprès de Brikus. En secret, ils rapportèrent les résultats de leurs recherches. Brikus savait qu'une des unités envoyées dans la ville n'était pas revenue. C'était l'unité partie fouiller la zone des quais.



Brikus sentit sa poitrine se serrer. Trois heures avaient passé depuis le début de leurs recherches et toujours aucun signe de FirstMatter. Durant la nuit, beaucoup d'entre eux finirent hors d'état de combattre. Les chercheurs furent vaincus par la tension et la frustration. Très vite, leurs sentiments tournèrent à la peur.



Dans le canal, un poisson sauta en l'air, tordant son corps et réfléchissant la lumière de la lune en de scintillantes couleurs argentées. Le moment passé, le poisson disparut dans les profondeurs du canal.



Brikus serra les dents dans un juron. Soudain, il réalisait ce qu'était la tactique de FirstMatter. "Oh là tout le monde ! Rétrécissons les zones de recherche !" Il divisa le canal en plusieurs sections et les assigna aux unités de recherche.



"Soyez le plus discret possible dans vos déplacements. Aucune unité ne rentre en contact avec une autre. Gardez en tête que nous somme les chasseurs !"



Brikus ne parvenait pas à se débarrasser de l'idée qu'il était la cible. Avec le Maître mage Xenovia, il monta à bord de la gondole et fouilla la zone entre les sections est et sud du canal. Les Elfes noirs avaient une vision perçante même au clair de lune. FirstMatter pouvait être une anguille mais Brikus sentait qu'il pouvait l'attraper.



"FirstMatter est imprévisible. Peut-être veut-elle tuer les 99 que nous sommes à mains nues."



Un jeune Elfe, incrédule et admiratif, demanda, "Pourquoi dites-vous cela, Sire ?"
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PostSubject: Re: 3 - Chronicle II   3 - Chronicle II Icon_minitimeMon 6 Nov - 17:31

"Parce qu'elle ne cherche pas à fuir. Elle veut impressionner le Tetrarch Thifiell et lui prouver qu'elle a raison. Il y a beaucoup d'autres raisons, mais elle n'a qu'une seule vraie motivation. C'est parce qu'elle en est capable."



A quelque distance de là, Aria regardait la gondole qui convoyait ses poursuivants. Deux d'entre eux étaient en train de converser tandis que la femme scrutait attentivement le fond du canal.



Aria se contracta quand elle vit que la femme levait soudain la tête et regardait dans sa direction. Cependant, elle ne pouvait voir au travers du voile trompeur qu'Aria avait tissé autour d'elle dans la pénombre. Lorsque le bateau approcha, Aria put identifier deux des trois qui se trouvaient à bord. Elle connaissait parfaitement le visage de Maître Brikus et pouvait deviner l'identité de la femme qui l'accompagnait.



Lorsque, enfin, la gondole passa sous le pont, Aria annihila son voile d'illusion, s'abattit sur l'Elfe Noir qui tenait la perche, et le poignarda. Elle était sur le point d'attaquer le Mage Xenovia quand Maître Brikus lui bloqua le passage en brandissant son épée. Comme il portait une armure lourde, la gondole fut violemment secouée. Aria vascilla, tentant de reprendre son équilibre, tandis que Brikus riait triomphalement.



Ayant perdu son gondolier, le bateau partit à la dérive, sans but, suivant le flot du courant. Tandis que Maître Brikus protégeait ses avants, le Mage incantait un sort. Aria les abandonna, s'échappant par la rive. L'incantation terminée, un hurlement strident se fit entendre, tel des milliers de flèches projetées en même temps.



Les bâtiments en marbre blanc furent défigurés par d'affreuses fissures. Les pavés qui arboraient juste avant de magnifiques dessins furent balafrés de grandes fentes, comme si un géant avait sauté dessus à cloche-pied.



"Pourquoi l'as-tu abattue comme ça ?"



La poche d'air créée par l'énorme pression infligea des dégâts considérables à l'apparence de la ville et repoussa FirstMatter avec beaucoup de force. Tel un épouvantail embarqué dans une tornade, elle fut soufflée à au-delà du canal, et alla se fracasser au travers du second étage d'un building.



Brikus sauta sur la rive derrière FirstMatter et la signala aux Elfes Noirs qui étaient proches. Xenovia suivit Brikus sur la rive. Les rues reliaient plusieurs corridors et escaliers en un labyrinthe compliqué. Les deux poursuivants sautèrent de l'autre côté du canal, grimpèrent les murs et marchèrent sur les toits des buildings qui les séparaient de leur proie.



Brikus trouva du verre éparpillé et une mare de sang sur le sol. Tandis qu'il touchait le sang, une flèche vola à travers la vitre brisée et se logea dans son épaule. Grâce à son armure épaisse, aucun gros dégât ne fut infligé.



"Quelle attaque minable !" Hurla Brikus. "FirstMatter, tu te fais vieille aussi !"



"Tu n'as pas besoin de me rappeler ça, espèce de salaud !"



Depuis quelques heures déjà, Aria jouait à cache-cache avec de nombreux soldats compétents. A quel point était-elle fatiguée ? Cette bravade était-elle destinée à le tromper ?



Dans l'attique d'un vieil immeuble abandonné, le plafond était tellement bas qu'il était difficile de bouger. L'odeur de papier pourri était accablante. Une porte se ferma en claquant tandis que Brikus entrait, l'enveloppant de ténèbres.



Brikus était reconnaissant que Xenovia soit restée derrière. N'ayant jamais subi d'entraînement d'assassin, être jetée dans une situation telle que celle-ci aurait revenu à aller au combat nue. Ceci dit, Aria était blessée, et l'odeur du sang est bien plus puissante que n'importe quelle autre odeur corporelle.



"Ça ne sert à rien !"



Brikus fut déboussolé car la direction d'où venait l'odeur était différente de celle d'où la voix émanait. Il marcha sur le côté pour découvrir une autre flaque de sang sur le sol.



"Tu peux me tromper, mais tu ne peux pas te cacher !"



Avec un peu d'effort, il défit la boucle de son armure d'épaule, qui fit un bruit fort en tombant au sol. Son adversaire ne l'attaqua pas. Il enleva sa jupe et ses jambières, les déposant à coté de ses armes secondaires.



"On dirait que tu as retenu quelque chose de cette leçon que je t'ai donné ce jour-là."



A nouveau, sa voix provenait d'une nouvelle direction. Seize années auparavant, lui et sa section avaient refusé de recevoir l'enseignement de FirstMatter. Les Anciens prirent cela pour un acte de rébellion et leur imposèrent ce qu'ils considéraient comme une punition appropriée. Le capitaine des sentinelles suggéra une punition qui leur laisserait une chance de survivre mais qui marquerait leur fierté à vie. Il se trouve que le capitaine perdra la vie dans un combat contre les zombies des marais en essayant de prendre une forteresse souterraine.



"Tous les membres de la section seront enfermés dans un souterrain et, bien que complètement armés, se battront contre les complexes pendant trente-huit minutes. Profitez bien de votre punition."



Enfermés dans le noir absolu, ils rencontrèrent Aria FirstMatter. Complètement désarmée, elle leur infligea trente-huit minutes des plus douloureuses et humiliantes qu'ils n'oublieraient jamais.



"Merci pour le compliment."



La flèche siffla vers Brikus, interrompant sa rêverie. Au début, Brikus crut qu'il s'agissait d'une blague ou d'une tromperie, mais les flèches continuèrent à voler vers lui avec une précision mortelle. Elle connaissait clairement sa position exacte. Brikus abaissa son épée au hasard, faisant voler des bouts de vieille peinture et des morceaux de bois, ce qui généra beaucoup de poussière.



"Eh bien, si tu fais ça, tu couvriras l'odeur."



Dès que Brikus entendit sa voix, une autre flèche fonça sur lui. Il roula pour éviter le coup.



"Mais l'odeur n'est pas la seule chose que tu te dois de couvrir. On peut aussi déceler dans l'air la chaleur du corps de quelqu'un."



"Quelle absurdité !" Brikus ne pouvait croire que l'on puisse posséder une telle aptitude.



"L'idée est que…" Le bruit d'une corde d'arc tendue à plusieurs reprises se fit entendre l'espace d'un instant. Cinq tirs ? Six tirs ? Brikus fut touché au bras gauche et à la jambe. Son oreille gauche fut aussi touchée. "… si tu te concentre sur un seul sens …" Soudain, la voix fut extrêmement proche. "… tu ne m'attraperas jamais espèce d'imbécile !" L'instant d'après, Brikus recevait un coup puissant et valsait en arrière. Il tomba au sol, se remit sur pied et se prépara à l'attaque suivante.



Contrant et évitant l'épée que Brikus brandissait sur elle, la dague de FirstMatter lui trancha presque la mâchoire en deux. Il fit un pas en arrière et pointa son épée directement vers l'avant. A ce moment, la dague de son adversaire se planta dans son poignet. FirstMatter la tordit de toutes ses forces, creusant à travers les os et les tendons dans un sinistre bruit de craquement. Hurlant de douleur, Brikus pivota le poignet, surprenant Aria d'un coup en plein visage.



Du sang gicla et elle sourit à la pensée que son adversaire conservait la volonté de se battre.



"Oui." Marmonna Brikus comme s'il crachait ses mots à travers dents. Ce qui tomba à terre n'était pas son arme. "C'était ça le problème."



Il jeta à terre des petits objets en forme de capsule. Les capsules se brisèrent et illuminèrent la pièce d'une aura bleutée d'esprits.



"Bien qu'il s'agisse d'une grande invention, les jeunes assassins semblent s'y fier excessivement." Aria retira un gros morceau de verre planté dans sa cuisse et le balança de côté. Une giclée de sang jaillit à nouveau de la plaie. Elle ne voulait pas que son adversaire voie qu'elle avait déjà saignée beaucoup trop. Elle maintint sa posture et se tourna vers la porte. "Parmi eux, au moins es-tu le plus talentueux, Sentinelle Brikus."



"J'accepterai volontiers votre enseignement FirstMatter." Le visage du Maître était couvert de sang et de sueur. Il défit la bande de tissu autour de sa taille. Il l'enroula grossièrement autour de son poignet en lambeaux et le serra avec les dents. "Qu'importe, il me reste l'usage de mon bras gauche."



Essayant de finir le combat avant que la lumière des esprits ne disparaisse, Brikus ramassa son épée du bras gauche et, boitant de sa jambe gauche blessée, fonça sur Aria. A ce moment, une flamme noire jaillit et la porte se transforma en cendre en un clin d'œil. Un sort de tornade pénétra violemment, détruisant les murs et le plafond. Un instant indescriptible passa, tandis que la masse de détritus s'apaisait. Lentement, Brikus se dégagea du grenier effondré.



"Xenovia ! Où est FirstMatter ?"



Brikus assistait à une scène qu'il aurait voulu ne jamais voir. Aria maintenait le Mage par derrière, plusieurs poursuivants étaient morts tout autour. D'autres soldats flottaient dans l'eau, le canal était écarlate de sang. La dague d'Aria frôlait le cou du mage.



"Tu sais que prendre un otage ne t'apportera rien de bon."



Brikus allait continuer de parler lorsque Xenovia leva la main pour l'arrêter. "Tu sais, je ne pense pas que je sois un otage."



"Tu as raison." Aria murmura quelque chose à l'oreille du Mage.



Le Mage écarquilla les yeux tandis que le sang giclait de sa bouche. Retirant sa dague du dos du Mage, Aria poussa son corps ramolli dans le canal. L'eau éclaboussa grossièrement et le corps du Mage fut emmené par les flots. Brikus hurla et fonça sur Aria avec une expression d'abandon désespéré et de haine profonde.



"Calme-toi Brikus, Elle est en vie." Aria essayait d'effacer l'animosité que son adversaire arborait.



Aria claqua la langue, non pas parce qu'on l'avait interrompue, mais parce la voix était celle d'une personne qu'elle aurait voulu ne jamais revoir. Un visage familier sortit de la pénombre créée par les restes du bâtiment.



"Chevalier de Pavel."



"Je suis Scride."



"Je me rappellerai de toi à partir de maintenant."



"Oui, fais ça."



Brikus, Scride, et Aria. Les trois Elfes Noirs marquèrent un temps d'arrêt étrange qui dura un moment. Brikus fit le premier pas. Masquant son intention d'attaquer, il fit un pas vers le canal. Aria réagit instinctivement, et se positionna plus près de lui. Elle savait à quel point il était dangereux de confronter plusieurs ennemis en terrain si découvert. Elle se méfiait particulièrement de Crow Feather, l'autre Elfe Noir venu du nord.



Scride informa Brikus, "Sa dague a un sortilège de saignement. Vous avez intérêt à en finir vite."



"Je ne sais pas qui vous êtes, mais je le savais avant que vous ne me le disiez."



Ce qu'Aria ne comprenait pas, c'était la vitesse de rétablissement de Scride. Elle était sure qu'elle lui avait infligé suffisamment de dégâts pour qu'il soit hospitalisé pour un mois ou deux.



"Cela doit être une sorte de potion qui aide au rétablissement."



Certaines potions avaient pour effet de faire oublier la douleur pendant un moment, ou d'améliorer les capacités physiques. Mais la plupart rendaient leurs usagers dépendants et causaient de nombreux effets secondaires qui provoquaient des dégâts au cerveau.



Le Maître et le Bladedancer cernaient Aria des deux côtés. Ils étaient tous deux duellistes à l'origine, ce qui leur permettait d'user d'une épée de chaque main. Cependant, aucun des deux ne pouvait à présent utiliser les deux bras. Aria se demanda l'espace d'un instant, si mutiler et détruire le corps des mâles ne lui était pas devenu un étrange hobby.



Les deux Elfes Noirs attaquèrent. Des flèches volaient continuellement sur elle depuis l'autre côté du canal. Roulant pour éviter de justesse les flèches, elle regarda de l'autre côté du canal où l'archer pouvait être caché. La lumière bleue du phare passa vivement au-dessus des têtes.



Aria attaqua Brikus en premier. Se retournant, elle frappa la jambe de Scride. D'un bond gracieux, elle plongea dans le canal et tandis que les flèchent pénétraient l'eau, certaines la frappèrent. Rampant au fond du canal, elle se dirigea vers le phare.



Esen ramassa son arc mais il avait déjà perdu son ennemi de vue. Lorsqu'il se pencha dehors par la fenêtre du phare, il se retrouva face à face avec une Elfe Noire qui saignait abondamment. Elle sourit et attrapa sa main droite. Elle dirigea son autre main sur lui, mais Esen la frappa à plusieurs reprises avec son arc. Sa tête saignait abondamment, ses bras étaient couverts d'hématomes noircissant et son visage défiguré d'horribles enflures. Des deux mains, elle saisit désespérément sa prise. D'un claquement, le doigt qui tirait la corde de l'arc d'Esen ne put plus bouger. Sa chasse avait échouée. Aria sortit du phare et s'effondra sur le sol.



"Oh mon amour, mon cher amour !"



Elle voulait entendre la voix de son amant. Pas la voix cette coquille vide actuellement enfermée dans le temple et qui répétait sans cesse les mêmes mots, mais celle du plus grand et du plus redoutable homme qu'elle n'ait jamais connu et dont elle se souvenait encore.



"Encore un tout petit peu. Juste un peu plus." Elle se roula en boule, les épaules tremblantes.



Elle leva ses yeux hébétés au ciel. La lumière du phare disparaissait tandis que le ciel s'éclaircissait. Elle pouvait entendre les bruits de pas, lourds et puissants. Elle pouvait deviner de qui il s'agissait. De la paume de sa main, elle essuya les larmes de son visage.



"Vous avez laissé la femme mourir ?" Dit Aria à Maître Brikus. "Ce n'est pas très gentil de votre part."



À Scride, qui avait un regard inquiet – du moins est-ce ainsi qu'elle interprétait ce visage sans expression – elle dit, "Comme je me suis chargée d'elle, je me chargerai de toi."



Elle se mit debout, mais chancela, perdit l'équilibre et tomba dans un caniveau humide. Sa vision était floue, elle pouvait encore voir de la peur et de la haine sur le visage des deux hommes, mais pas beaucoup de sympathie. Leurs mains s'approchaient d'elle – non pas pour offrir amitié, mais pour poser leurs armes sur son corps ravagé.



"Toutes ces choses sont trop fatigantes pour moi." Elle dressa sa dague. "Finissons-en rapidement et allons nous reposer."



Source => http://lineage2.mondespersistants.com
Auteur : Tyta
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